La mise en scène est parfaitement rodée. Et le casting, sans surprise. Quant au scénario, il laisse une impression de déjà -vu. Comme un bon vieux remake des années 90 ou 2000. Dès lors, que faut-il attendre de cette nouvelle rencontre au sommet entre dirigeants israéliens et palestiniens, sous l’œil bienveillant du président américain ?
C’est peu dire que le sommet de Washington s’est ouvert dans un climat de scepticisme rarement égalé à l’aube de nouveaux pourparlers. Au terme de près de deux années de négociations indirectes entre les parties au conflit du Moyen-Orient – avec l’appui des Etats-Unis, de l’Europe, des Nations unies, ou de la Russie – qui n’ont débouché sur aucun accord, même partiel, Barack Obama veut croire à une relance du dialogue. A mi-mandat, le président américain et son administration ont jusqu’ici surtout montré leur incapacité à peser sur la détermination des Israéliens à poursuivre leur politique de colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Or, la question de la colonisation juive est au cœur même de la rencontre de Washington. Benjamin Netanyahu a déjà annoncé qu’il n’avait pas l’intention de prolonger le moratoire qui gèle actuellement les mises en chantier, au-delà de la date butoir du 26 septembre. Le voudrait-il que ses alliés de l’extrême droite israélienne au sein de sa fragile majorité l’en dissuaderaient sans tarder. Mahmoud Abbas mettra-t-il à exécution sa menace de retrait immédiat des négociations en cas de reprise de la colonisation ? Tout le laisse à penser tant le président de l’Autorité palestinienne apparaît affaibli vis-à -vis d’une opinion publique qui comprend mal comment il a pu accepter de venir à Washington sans obtenir préalablement l’arrêt de la colonisation.
Mahmoud Abbas apparaît d’ailleurs comme le plus fragile des interlocuteurs. Plus souple à l’égard de Washington qu’un Netanyahu qui n’hésite pas à sans cesse braver les recommandations de son protecteur, Abbas sait devoir composer avec son ennemi intérieur du Hamas, opposé à tout accord de paix avec un Etat dont il va jusqu’à nier l’existence. L’attaque par les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, à la veille du sommet de Washington, d’une colonie juive de la région d’Hébron, qui a fait quatre victimes civiles, est là pour rappeler si besoin était au président de l’Autorité palestinienne que son… autorité demeure toute relative.
Si les raisons d’espérer un règlement du conflit apparaissent extrêmement ténues, l’ouverture de négociations directes est à considérer comme une réelle étape sur la voie de la paix. Plusieurs facteurs pourraient d’ailleurs y concourir. L’un économique, l’autre diplomatique.
La croissance des territoires palestiniens a ainsi atteint 7 % au cours du premier trimestre selon la Banque mondiale. Et le taux de chômage est tombé à 18 % en Cisjordanie à fin 2009, contre 20 % un an plus tôt. Et à 29 % dans la bande de Gaza, contre 45 % précédemment. Une performance toute relative qui pourrait se révéler sans lendemain si Israël devait maintenir son étau. Mais l’impulsion donnée depuis trois ans par le Premier ministre Salam Fayyad, un ancien cadre du FMI, commence à porter ses fruits. Il faudra aussi compter avec les efforts déployés par les Etats-Unis pour ouvrir de nouvelles négociations en faveur de la paix entre Israël et ses deux voisins syrien et libanais. Le rapprochement voulu par Obama lors de son arrivée à la Maison-Blanche, englobant Israël et la Syrie d’une part, Israël et le Liban d’autre part, pourrait ainsi participer à la « paix totale » tant attendue au Proche-Orient. |