C’était il y a un an. Déjà … Et à vrai dire, cette année, nous ne l’avons pas vue passer. Ou plutôt si, nous l’avons vécue intensément. Grâce à vous. Oser, voici un peu plus de douze mois, concevoir un nouveau magazine francophone pour un marché déjà sensiblement foisonnant constituait un pari à tout le moins risqué. La situation de la presse écrite, partout à travers le monde, est à ce point critique – avec sa cohorte de plans sociaux, de baisses de pagination, de fermetures de bureaux à l’étranger, d’endettement parfois colossal, voire de disparitions – qu’il faut une petite dose de folie pour s’aventurer sur un marché aussi incertain.
La presse marocaine n’échappe pas à cette tendance. La multiplicité des titres – quotidiens, hebdomadaires ou mensuels – témoigne certes d’une dynamique de la presse, mais elle ne garantit en rien la pertinence de l’offre. Encore moins sa qualité éditoriale. Ou son indépendance.
Or, quelle presse voulons-nous ? Une presse partisane, liée à telle ou telle formation politique ? Une presse docile, qui s’abstient de toute curiosité pour établir et faire partager les éléments du nécessaire débat démocratique ? Une presse soumise, qui égratigne les faibles pour mieux servir les puissants ? Une presse relais, qui prend pour argent comptant les belles histoires, inlassablement réitérées, que l’on voudrait porter à la « connaissance » de nos concitoyens ?....
La voie est, où que l’on soit, chaque jour un peu plus étroite sur le chemin de la liberté de la presse. La « puissance » publique n’est pas puissante innocemment. Les intérêts économiques et financiers sont à ce point exacerbés que leurs représentants ne manquent pas de s’assurer de la collaboration de médias « amis ». Quitte à ce qu’ils s’affranchissent de la plus élémentaire déontologie professionnelle qui impose – par simple respect du lecteur – de ne pas mélanger communication et information, publireportage et enquête journalistique.
Les lecteurs - dont vous êtes - qui, plus nombreux chaque semaine, nous font l’amitié de nous lire, méritent respect. C’est ce devoir qui anime la rédaction d’actuel depuis plus d’un an. Les choix éditoriaux que nous opérons, semaine après semaine, sont tout à la fois simples et exigeants. Simples en ce qu’ils s’efforcent de coller au mieux à l’actualité qui, dans toutes ses composantes, construit un Maroc ouvert sur le monde, progressiste et ambitieux pour ses citoyens. Exigeants, parce qu’ils ne souffrent d’aucune compromission à l’égard des lobbys, quels qu’ils soient.
Quelle serait notre crédibilité si nous nous soumettions, comme nous y sommes parfois invités, à passer sous silence des informations dérangeantes, ou à taire nos convictions nourries d’enquêtes impartiales ? Quel respect montrerions-nous à nos lecteurs, par ailleurs acteurs éclairés de ce Maroc ambitieux, si nous cédions à nous laisser dicter la teneur de nos articles et enquêtes, pour nous assurer la bienveillance de quelques annonceurs ?...
L’équipe d’actuel, fidèle à sa charte éditoriale, s’efforce précisément chaque semaine de répondre à cette quête d’information libre et indépendante, dans le respect des fondamentaux du Royaume. Nous sommes à l’évidence perfectibles. Mais la confiance de nos lecteurs nous est trop précieuse pour nous écarter d’une voie qui agace parfois ceux qui, revendiquant bruyamment une certaine modernité, n’en sont pas moins les représentants d’une autre époque. Avec ce numéro 50, c’est un triple merci que nous vous devons. Merci à nos lecteurs. Merci à nos annonceurs, fidèles. Merci enfin à toute cette communauté d’internautes qui, de Facebook à actuel.ma, partage notre enthousiasme. Et bon anniversaire !
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