Les relations économiques maroco-françaises se portent bien. Un constat qui fait l’unanimité. Il suffit de se référer aux projets les plus emblématiques du Royaume, comme le tramway, la future LGV, ou aux tendances lourdes des échanges bilatéraux pour se rendre compte de la place de choix que continue à occuper l’Hexagone malgré toutes les tentatives engagées par le Maroc pour s’ouvrir à d’autres pays, en multipliant les accords de libre-échange, ou encore en réalisant des investissements directs en Afrique subsaharienne.
Malgré aussi la montée en puissance récente des PME espagnoles au Maroc, dans certains secteurs comme les BTP. Qu’à cela ne tienne, la France reste, et de loin, notre partenaire privilégié. C’est une donnée historique. Pas de surprise donc de ce côté-là .
En revanche, s’il fallait dégager une idée maîtresse de la dernière rencontre d’affaires de haut niveau, qui a réuni plus de 400 hommes d’affaires marocains et français à Casablanca, c’est bien la nécessité d’imprimer un nouveau souffle à ce partenariat bilatéral d’exception. Aller plus loin que la mise à disposition d’une main-d’œuvre locale bon marché, innover pour conquérir, ensemble, de nouveaux débouchés dans les autres pays du sud de la Méditerranée, ou encore investir de nouveaux créneaux prometteurs comme les énergies propres… Tout le challenge de ces prochaines années consistera à mutualiser les ressources et à canaliser les compétences, de part et d’autre, pour réinventer ce partenariat. Ce n’est pas gagné d’avance car la crise internationale bat son plein et les ressources, notamment financières, se font rares. Mais la volonté du patronat des deux pays est palpable, et l’imagination peut parfois produire des miracles. Reste l’implication des pouvoirs publics. Et là , c’est au Maroc de déployer tous ses efforts pour activer ses réformes et surtout les mettre en application, moderniser et simplifier ses procédures administratives, lutter contre la corruption. Le mot est lâché ! La corruption n’est plus un sujet tabou. En soi, c’est un grand pas de franchi. Que nos ministres l’évoquent, sans langue de bois, au même titre que les autres obstacles à surmonter pour améliorer l’environnement des affaires, c’est une première. Qu’ils présentent la corruption comme un fléau à combattre en priorité, tout comme l’informel et ce, devant un parterre d’investisseurs français, c’est une prouesse. Reste à savoir comment tout cela va se traduire dans les faits. Car l’un de nos paradoxes réside dans le fait que nous connaissons parfaitement nos maux, tout comme les remèdes nécessaires, mais nous avons bien du mal à appliquer les traitements. Le Maroc a adopté, ces dernières années, une batterie de réformes pour tenter d’assainir son environnement des affaires. Il dispose aujourd’hui, de l’avis même des opérateurs, d’un cadre réglementaire satisfaisant. Mais la mise en œuvre piétine et les mauvaises pratiques persistent. D’ailleurs, la promulgation récente de la loi sur les délais de paiement, qui prévoit des amendes sévères à l’encontre des abus, en est une illustration concrète. Et les exemples se comptent par dizaines. C’est donc dans la mise en œuvre rapide et stricte de la réglementation que réside l’urgence. Et c’est à cette condition que les échanges bilatéraux entre la France et le Maroc prendront une nouvelle dimension. |