Vous avez passé de bonnes vacances ? Tant mieux ! La reprise pourrait s’annoncer plus délicate à gérer. Laissons de côté les petits tracas de la rentrée scolaire que tous les parents d’élèves doivent affronter début septembre. Si nous nous sommes réjouis de la récente exhortation du roi à sortir de l’ornière notre Education nationale – dont les cruelles défaillances en disent long sur l’incapacité de nos gouvernants à réformer en profondeur un système qui broie plus la jeunesse qu’il ne la prépare à affronter le marché du travail –
, il ne faudra pas compter sur cette rentrée 2012 pour voir s’esquisser les prémices d’une nouvelle politique, et encore moins connaître les intentions du nouveau ministre de l’Education nationale. Ce dernier a choisi, à la veille de la rentrée, de se taire. Dont acte.
La rentrée sociale pourrait se révéler d’une tout autre nature. Car 2012 s’annonce à nulle autre pareille. Voici en effet huit mois que le gouvernement de Abdelilah Benkirane est en place, et l’on cherche en vain les premiers actes forts déployés par la nouvelle équipe qui seraient de nature à traduire de véritables avancées sociales ou à améliorer la compétitivité de notre économie. Que le président de la commission Emploi et relations sociales de la CGEM en vienne à souhaiter « la fin du repos biologique » que s’est autoadministré le gouvernement depuis huit mois est assez révélateur du degré d’impatience des partenaires sociaux (lire pages 12 à 23).
La rentrée sociale qui se profile va donc s’effectuer sur le terrain avec de fortes attentes, tant de la part des chefs d’entreprise que des organisations syndicales. L’hypermédiatisation du chef de gouvernement, sur fond de polémiques stériles, ne peut tenir lieu de politique. Et les partenaires sociaux attendent tout autre chose du leadership gouvernemental d’un PJD qui a beaucoup promis. Or le statu quo auquel se livre ostensiblement le gouvernement depuis le mois de janvier ne peut perdurer plus longtemps. Quand tous les indicateurs économiques sont au rouge, on comprend mal que le gouvernement se mette au vert. Ce ne sont pas les sujets de débat qui manquent. Dans la fonction publique, les syndicats – déçus par l’absence de tout dialogue social réel, au lendemain des coupables largesses accordées par Abbas El Fassi, pour certaines restées lettre morte – ont aujourd’hui l’arme au pied. La hausse des prix, qui pèse sur le budget des ménages, met la pression sur les revendications salariales. Le droit de grève, les libertés syndicales, l’allocation de perte d’emploi, l’évolution des parcours professionnels sont autant de sujets – parmi d’autres – sur lesquels les syndicats entendent se mobiliser. Et le patronat n’est pas en reste qui presse le gouvernement de sortir de l’incantation pour passer en mode action. C’est la compétitivité même de l’économie nationale qui est en jeu.
Face à la rue qui gronde, septembre sonne donc comme l’heure de vérité pour Benkirane et son équipe. Celle où il se doit de fixer enfin le cap, d’affirmer clairement ses choix politiques. Ceux-là mêmes qui permettront, ou non, de trouver la voie du redressement économique et financier. L’épisode peu glorieux de la présentation, singulièrement décalée, de la loi de Finances 2012, est-il en voie de se reproduire ? La lettre de cadrage adressée par Benkirane à ses ministres met à mal le volontarisme attendu. Comme si le pays était aujourd’hui sans boussole. Et le gouvernement incapable d’étayer ses choix en toute transparence.
L’opinion publique ne se satisfera plus de quelques plaisantes boutades. C’est de visibilité dont le pays, tous acteurs confondus, a besoin. Pour réinstaller une confiance particulièrement mise à mal ces derniers temps.
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