Tous sâen dĂ©fendent, mais tous y succombent. Par conviction, ou par obligation. Dans les annĂ©es folles du libĂ©ralisme Ă©chevelĂ© qui, de part et dâautre de lâAtlantique, ont Ă©rigĂ© le concept mĂȘme de politique industrielle au rang de quasi-sacrilĂšge Ă lâĂ©gard du «marché», oser Ă©voquer le rĂŽle de lâĂ©tat au sein de lâĂ©conomie Ă©tait susceptible de vous faire passer pour un dangereux gauchiste, ou un nostalgique dĂ©sespĂ©rĂ© du gosplan brejnĂ©vien.
Les temps changent! Et ce nâest plus seulement Bob Dylan qui le chante. Les responsables politiques â et parmi eux nombre de chefs dâĂ©tat ou de ministres de lâĂ©conomie â ont, avec la crise, renouĂ© avec lâinterventionnisme dâĂ©tat. De Barack Obama Ă Nicolas Sarkozy, de Gordon Brown Ă Angela Merkel, il nây a guĂšre de tenants de lâĂ©conomie de marchĂ© qui ne se soient rĂ©solus Ă faire preuve dâinterventionnisme. La rĂ©gulation par le marchĂ©, si chĂšre Ă Adam Smith, nâen finit pas de trouver ses limites. Et lâinterventionnisme suggĂ©rĂ© par Keynes en matiĂšre de politique budgĂ©taire, ou de taux dâintĂ©rĂȘt, ne suffit plus Ă rĂ©pondre aux dĂ©fis de lâĂ©conomie mondiale.
Les grandes nations rĂ©putĂ©es libĂ©rales, qui se voudraient exemplaires, lâont bien compris. Les effets conjuguĂ©s de la mondialisation et de la crise financiĂšre - rapidement doublĂ©e dâune crise Ă©conomique - imposent que chacune dâentre elles agissent avec dĂ©termination pour tenter de contrer une dĂ©sindustrialisation qui ronge leur tissu Ă©conomique et social. La rĂ©gulation des marchĂ©s financiers, nĂ©cessaire, nâest que lâun des Ă©lĂ©ments de stabilisation de lâĂ©conomie mondiale. Ă ses cĂŽtĂ©s, câest la notion mĂȘme de «politique industrielle» qui sâimpose Ă nouveau, tant il est vrai que lâaggravation de la dĂ©gradation du tissu industriel occidental fait le bonheur dâune Chine et dâune Asie conquĂ©rantes.
Notre pays pourrait faire sienne la nouvelle profession de foi des Ă©conomies occidentales. Le dessein dâune «ânouvelle politique industrielle ambitieuse, puissante et cohĂ©rente», dĂ©veloppĂ© au nord de la MĂ©diterranĂ©e -parce que nos Ă©conomies sont aujourdâhui Ă©troitement liĂ©es - ne devrait pas nous ĂȘtre Ă©tranger. Et lâĂ©chec partiel, mais rĂ©el, du premier plan Ă©mergence, nous incite Ă plus de volontarisme dans ce domaine.
Les premiĂšres Assises de lâIndustrie, qui se tiendront cette semaine Ă Casablanca, ne doivent pas sâen tenir Ă une simple opĂ©ration de communication. En panne de compĂ©titivitĂ©, quoi quâen disent nos responsables politiques, plombĂ© par dâinsondables lourdeurs administratives ou rĂ©glementaires, le Maroc se doit de faire preuve dâimagination. Nous nâĂ©chappons pas Ă la concurrence internationale, encore moins Ă la concurrence rĂ©gionale de nos voisins immĂ©diats.
Et si notre industrie, avec lâaide de puissants partenaires Ă©trangers, peut sâenorgueillir de faire Ă©merger aujourdâhui de solides compĂ©tences dans lâautomobile ou lâaĂ©ronautique, et demain dans les Ă©nergies renouvelables, elle nâen reste pas moins affectĂ©e par la faiblesse de ses initiatives dans le domaine des nouvelles technologies. Et plus encore par la dĂ©ficience de son tissu dâentreprises intermĂ©diaires. Celles-lĂ mĂȘmes qui â entre PME et grands groupes â fondent, Ă lâinstar de lâAllemagne, la puissance dâune nation industrielle. Le Pacte national pour lâĂ©mergence industrielle, revisitĂ© Ă lâoccasion de ces premiĂšres Assises, gagnerait Ă tenter dây remĂ©dier.
Actuel |