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Mbarka Bouaida LibĂ©rale et open minded 
actuel n° 98, vendredi 10 juin 2011
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Les dinosaures ont fait leur temps et la relÚve arrive. Chaque semaine, actuel présente les futurs leaders du pays...


***

La plus jeune dĂ©putĂ©e du Maroc est aussi la plus prĂ©coce : « J’avais 8 ou 9 ans lorsque j’ai Ă©crit un article en arabe dans le journal du RNI. Il Ă©tait intitulĂ© ‘‘La voix de l’enfance’’ et j’expliquais que nous avions nous aussi un potentiel pour faire de la politique ! »

Mbarka Bouaida a de qui tenir. Son pĂšre Ă©tait dĂ©putĂ© de Tan-Tan, et c’est en le suivant en campagne Ă©lectorale qu’elle a attrapĂ© le virus
 et l’envie d’écrire sa premiĂšre tribune.

Vingt-sept ans plus tard, Mbarka Bouaida est toujours Rniste, comme son papa, l’un des fondateurs du parti Ă  la colombe et ancien rĂ©sistant sahraoui contre l’occupant espagnol, disparu en 1996. « Au RNI, je me sens un peu chez moi », dit-elle.

Elle a pris sa carte dĂšs 18 ans, et l’a rĂ©activĂ©e quand elle est revenue au Maroc en 2002 aprĂšs des Ă©tudes et des jobs en Espagne, en France et en Grande-Bretagne : « Je voyais mon pays changer de loin. Et ce changement, je voulais le vivre. »

Elle rentre alors chez Petrom, gravit les Ă©chelons Ă  une vitesse supersonique (elle est aujourd’hui membre du conseil d’administration), avant de se se faire rattraper par la politique en 2007.

Mustapha Mansouri lui demande son CV et l’inscrit sur la liste nationale des femmes : « En Ă©tant classĂ©e quatriĂšme, je ne pensais pas ĂȘtre Ă©lue. Mais finalement nous avons eu cinq siĂšges. »

La benjamine de l’assemblĂ©e fait ses classes chez les machos : « C’est au Parlement que j’ai dĂ©couvert le machisme. Je viens d’une famille oĂč les filles sont plus considĂ©rĂ©es que les garçons. Mon pĂšre nous Ă©coutait et nous consultait rĂ©guliĂšrement. »

Ce n’est pas le genre de la premiĂšre Chambre. Les femmes Ă©lues sur la liste nationale manquent de lĂ©gitimitĂ© aux yeux de leurs collĂšgues mĂąles. Alors, en 2009, Mbarka veut prouver qu’elle peut affronter directement le suffrage universel et se prĂ©sente Ă  Casablanca aux municipales.

Aujourd’hui Ă©lue d’Anfa, elle cumule les fonctions et les missions au Parlement (dont la prĂ©sidence de la Commission des affaires Ă©trangĂšres de la Chambre des reprĂ©sentants pour l’annĂ©e 2010). La spĂ©cialitĂ© de cette Sahraouia de Casa : la diplomatie parallĂšle


Un cÎté plus fun

Mais derriĂšre ce parcours sans faute et son discours lissĂ© de jeune politicienne de 35 ans, il y aussi une touche Bouaida, cĂ©libataire assumĂ©e qui se dĂ©finit plutĂŽt comme une « cĂ©libattante ». La dĂ©putĂ©e modĂšle a aussi un cĂŽtĂ© plus fun.

Elle est membre fondatrice de Radio Mars : « Au Maroc, nous avons une population jeune trĂšs portĂ©e sur le sport. Et le sport, ce sont aussi des valeurs. » Elle s’est Ă©galement dĂ©marquĂ©e par son attitude envers les mouvements qui agitent le Maroc. « Ma premiĂšre rĂ©flexion sur le 20-FĂ©vrier fut que je partageais leurs idĂ©es. Et le 20 mars, j’ai marchĂ© un peu avec eux. »

Un peu seulement parce que le parti n’avait pas appelĂ© Ă  dĂ©filer. Car Mbarka n’est pas Moncef : « Belkhayat, il a son avis. J’ai le mien. » Et la position nuancĂ©e de la jeune Rniste, c’est que « les marches bien contrĂŽlĂ©es et pacifiques, un dimanche par mois, ça ne bloque pas la vie au quotidien et ça met une certaine pression. » Et aujourd’hui ? « Il faut ĂȘtre constructif. La vraie rĂ©volution doit se faire Ă  l’intĂ©rieur des partis. »

Alors pourquoi pas dans le sien ? Du coup, Mbarka Bouaida lance un appel aux jeunes : « Vous avez une idĂ©e Ă  proposer ? Un projet de loi ? On est preneur. Le RNI est un parti accessible, Ă  l’écoute. »

Dépoussiérer le débat

Les libĂ©raux sont de plus en plus libĂ©rĂ©s. Et la mascotte du parti Ă  la colombe veut dĂ©poussiĂ©rer le dĂ©bat et envisage dĂ©jĂ  d’organiser « une petite confĂ©rence » avec des vingtfĂ©vrieristes pour avoir leur avis sur la Constitution. Le Maroc a maintenant une droite open minded.

Et si, comme toute personnalitĂ© politique qui se respecte, Mademoiselle Bouaida n’a « aucune ambition personnelle », si elle affirme ne pas vouloir participer Ă  la guerre des clans qui mine le parti de Mezouar et Mansouri – « Je n’ai qu’une casquette, celle du RNI » –, on imagine trĂšs bien qu’elle ira trĂšs vite, trĂšs loin


Eric Le Braz

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