Etre jeune et faire de la politique sans être de gauche, voilà qui est rarissime au Maroc. Pourtant, certains y parviennent. C’est le cas de Aziz Dermoumi...
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A 35 ans, Aziz Dermoumi se fraie un chemin en politique, mais en toute discrétion. Inscrit dans les rangs du Mouvement populaire (MP) depuis une dizaine d’années, il gagne la confiance de son parti et gravit les échelons jusqu’à devenir député et membre du bureau politique. « Sur les trente membres que compte le bureau politique, quatre sont des jeunes », explique fièrement Aziz. Et d’ajouter : « Nous avons imposé un quota de jeunes au sein des différentes structures du parti .»
Cadre à la Chambre des conseillers depuis plusieurs années, c’est à travers son métier que ce diplômé en droit a nourri sa fibre politicienne. « Quand j’ai intégré la deuxième Chambre, j’ai été séduit par la dynamique du groupe MP qui était très actif en termes de questions orales et de discussions de projets de loi », se souvient Aziz Dermoumi, qui a d’abord fait ses premières armes à l’Union démocratique. Ce parti fusionne en 2006 avec le Mouvement populaire et le Mouvement national populaire pour donner naissance à l’actuel MP. « J’ai choisi le MP essentiellement parce que c’est un parti qui a une idéologie libérale qui me convient », explique Aziz.
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Parcours sans faute
Quelques années après son adhésion au parti de Mahjoubi Ahardane, Aziz Dermoumi est élu, en 2008, secrétaire général de la jeunesse de cette formation politique. Une structure visiblement très active puisqu’elle exerce un forcing soutenu pour la représentativité des jeunes dans toutes les structures du parti. Et c’est grâce à cela que Aziz fera partie en 2010 du bureau politique, plus haute structure du parti. Mais, malgré son succès, Aziz reconnaît que « les partis restent des structures fermées, qui n’encouragent pas l’adhésion des jeunes ».
« Quand j’ai commencé à faire mes premiers pas en politique, alors que j’avais 24 ans, les jeunes désapprouvaient la politique. Malheureusement cela n’a toujours pas changé, déplore-t-il. Mais l’on constate au moins que l’Etat a pris certaines mesures pour encourager la réconciliation entre les jeunes et la politique. » Il fait référence à la liste nationale des jeunes, retenue lors des dernières législatives et dont il a été la tête de liste sous les couleurs du MP. « C’est une belle opportunité qui permet la représentation des jeunes qui constituent quand même deux tiers de la population », affirme-t-il.
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« Etre jeune, c’est la norme et non l’exception »
Ses nouvelles fonctions de député ne lui sont pas étrangères, puisqu’il est un « enfant de la maison ». «Je me suis vite adapté à mes fonctions de parlementaire. La Constitution nous a accordés de larges prérogatives et c’est à nous de les traduire dans les faits. »
Pour lui, il n’y a aucun malaise a être jeune dans un milieu politique qui regorge de dinosaures et de leaders indéboulonnables. « Ceux qui ont signé le manifeste de l’Indépendance étaient des jeunes. Ceux qui ont conduit les partis politiques au lendemain de l’Indépendance l’ont été également… mais ils ont vieilli dans les mêmes fonctions », déplore le député néophyte. Il estime qu’être jeune devrait constituer « la norme et non pas l’exception ».
« Nous sommes en passe de travailler sur une nouvelle structure : la coalition des jeunes parlementaires », fait-il savoir. Cette coalition – qui verra bientôt le jour – regroupera les jeunes députés de tous les horizons partisans. Objectif à peine avoué : se constituer en lobby pour faire face au poids des dinosaures. A priori, les jeunes loups semblent ne pas se contenter d’une députation ad honorem, et c’est tant mieux!
Ali Hassan Eddehbi
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