Tombé dedans quand il était petit, ce fils du peuple est devenu un des militants les plus actifs du PSU. Il combat avec ferveur les idées reçues sur l’extrême gauche.
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Il n’est pas riche mais il a un cœur gros comme ça ! Il n’est pas mûr mais il a de la bouteille. L’itinéraire politique de Mehdi Sahimi est jalonné de noms illustres, une bonne dose de Mehdi Ben Barka, un zeste de Omar Benjelloun, non parce qu’il les a connus, mais parce que leur célébrité et leur courage les ont rendus plus accessibles. « On était encore des mômes quand on nous racontait les faits d’armes de ces icônes de la gauche. »
Si on ajoute à cela le mari d’une tante très proche qui pratiquait la politique comme on prépare les grands crus, on comprend un peu mieux pourquoi ce garçon, qui a l’air d’être à peine sorti de l’enfance, émarge à la gauche de la gauche, et plus exactement au PSU.
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Le rêve de changer la société
A 25 ans, Mehdi peut se targuer d’un tableau de chasse bien lourd. Entré chez les scouts du parti à l’âge de 8 ans, il rejoint la chabiba du PSU à sa majorité, avant de faire partie des militants les plus actifs de cette formation.
Le péché originel de ce fils du quartier mythique de Hay Mohammadi est de ne pas être « bien né » : un ould chaab, un fils du peuple qui rêve de changer la société, dans un parti qui a du mal à se détacher de son jargon hermétique teinté de marxisme-léninisme. C’est peut-être le seul bémol qu’on réussira à lui arracher sur sa formation : « Effectivement, nous avons de grosses difficultés à communiquer nos rêves au petit peuple, ce discours élitiste n’est pas toujours compris par la majorité. »
Quand on lui fait remarquer que les dirigeants des partis ne font pas que de la politique, mais surtout du « one man show », il répond tout de suite « oui mais pas au PSU ! » Il en veut pour preuve des poids lourds, comme Mohamed Sassi, qui n’ont pas hésité à quitter le bureau politique de leur propre gré pour laisser la place aux jeunes. Et que l’élection de la première femme à la tête d’une formation politique est là pour prouver que la parité n’est pas un vain mot.
Il reste persuadé que pour dépasser le cercle des convaincus, il faut tordre le cou à la pensée unique. Et la pensée unique, c’est aussi ce que véhicule « l’ennemi » sur l’extrême gauche. Le PSU ne serait ni plus ni moins qu’un ramassis d’athées, de laïcards en puissance ?
Il refuse de prêter la main à ce déni d’intelligence politique : « C’est l’accusation la plus bête du Makhzen. Qui veut noyer un parti l’accuse d’athéisme. Ce sont d’ailleurs les formations créées par le Makhzen, entre autres le RNI, l’UC et le dernier-né, le PAM qui font circuler ce genre de ragots pour décrédibiliser la gauche.
Nous faisons partie intégrante de ce pays et nous n’avons pas besoin d’un certificat pour prouver que nous sommes attachés à notre identité musulmane. Mais il s’agit là de la sphère privée. Décréter dans la Constitution que le Maroc est un pays musulman équivaut à exclure une bonne partie de sa population. »
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« Beaucoup de chemin à parcourir »
Autre accusation balayée d’un geste irrité : l’extrême gauche serait le repaire de nihilistes, d’anti-monarchistes convaincus. « Trouvez-moi un seul Marocain capable de montrer du doigt le jeune roi.
Les Marocains sont attachés à la monarchie, il n’y a pas de doute là -dessus, mais le souverain ne saurait être sacré. Au contraire, il a lui-même, dans son célèbre discours du 9 mars, expliqué qu’il avait besoin de l’aide des partis politiques pour mener à bon port le navire. Nous militons pour une monarchie parlementaire et je pense que si des progrès ont été faits, il reste beaucoup de chemin à parcourir. »
Selon lui, le roi a besoin de savoir ce qui préoccupe le citoyen lambda, et ce ne sont pas des politiciens sur le retour, transformés en courtisans par l’appât du gain, qui peuvent servir de relais.
Abdellatif El Azizi |