Membre de la jeune garde istiqlalienne, cet avocat humaniste revendique une liberté de contester qui ne touche pas aux fondamentaux des valeurs du parti.
Valeurs. C’est le terme qui revient le plus souvent dans la bouche de cet avocat qui mène un combat farouche contre la déliquescence de la pratique politique. « Il s’agit de remettre à l’ordre du jour, les valeurs fondamentales de notre identité, fondées sur le mérite, le travail, le respect, la responsabilité et la dignité.
Ces valeurs ont bien été le moteur du Maroc des nationalistes, et elles doivent rester celles du royaume de demain, un Maroc fier de ces valeurs qui résonnent en nous, un héritage que nous devons transmettre et préserver », rappelle le trentenaire qui fait partie de la jeune garde de l’Istiqlal. Comme Obélix, la politique, il l’a biberonnée au berceau.
Son père, un des fondateurs de la fameuse UGTM, le bras syndical de ce parti, fut également député au cours des années 70. « Beaucoup de gens ne comprennent pas l’Istiqlal parce qu’il n’arrivent pas à concevoir l’idée qu’un parti qui s’est formé sur la base du ciment nationaliste puisse fédérer toute une famille.
Quand un citoyen adhérait au parti, il était tout à fait naturel que sa famille épouse la cause "sacrée". Résultat, quand les hommes étaient au combat, les femmes s’occupaient de la logistique et les enfants participaient aussi à leur manière », explique l’un des fondateurs du parti.
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L’avocat engagé
Entré chez les scouts à 10 ans, Noaman Sadik est venu tout naturellement à la pratique de la politique par le biais de la Jeunesse du parti, en s’intéressant d’abord au fonctionnement interne de la formation.
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Rapidement, son parcours professionnel (le métier d’avocat lui permet de mettre son engagement au service de citoyens victimes d’injustices) se double d’un engagement politique qui le mène dans le clan des réformateurs du parti de l’Istiqlal.
Mais il ne faut pas se tromper ; Noaman n’est pas un révolutionnaire, il prône plutôt un « vivre-ensemble » avec la vieille garde du parti, plutôt qu’une révolution à l’issue hasardeuse. Il revendique un droit à l’opposition ou une liberté de contester qui ne touche pas aux fondamentaux des valeurs de l’Istiqlal.
Quand on lui parle de « conservatisme sclérosé », il traduit « nationalisme et attachement aux valeurs musulmanes ». Pour ce jeune homme, l’espérance spirituelle est tout aussi nécessaire à la vie que l’espérance sociale. Il considère l’islam comme un « ciment réel pour la démocratie ». « Il faut soutenir l’islam contre l’intégrisme. » Il défend l’idée « d’une opposition constructive qui implique l’ordre, et celui-ci suppose une élite constitué d’hommes et de femmes de décision, réputés justes, versés dans l’exercice de la foi et l’exercice des libertés, de sorte qu’ils aient la compétence pour analyser toute relation entre gouvernants et gouvernés ».
Il a son idée sur la hiérarchie du parti, il ne porte pas particulièrement Abbas El Fassi dans son cœur mais il n’en dira pas plus. Pour lui, il est frappant que l’Istiqlal suscite autant de polémiques alors même que les instances du parti n’ont pas encore décidé de la tenue du congrès qui décidera certainement de mettre l’ex-Premier ministre au placard. Pour le jeune militant, c’est le signe que ce parti n’est pas rentré dans le musée de la paléontologie politique.
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La culture du consensus
Quid du rajeunissement des instances du parti ? Sadik partage avec ses camarades de l’Istiqlal la culture du consensus : « La contestation pour la contestation, par esprit de clocher ou à titre partisan, s’opposer systématiquement à la partie adverse, même si les vues de celle-ci sont justes, c’est du nihilisme ; être dans l’opposition, c’est redresser l’erreur, proposer d’autres alternatives, se joindre aux efforts visant l’intérêt public, conformément aux principes généraux de l’opposition. »
Par contre, il est fermement décidé à mettre ses efforts au service du prétendant au poste de secrétaire général de l’Istiqlal : Abdelouahed El Fassi, le bien nommé. « Pour ses qualités humaines et sa droiture », assure-t-il.
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Abdellatif El Azizi |