Les dinosaures ont fait leur temps et la relève arrive. Chaque semaine, actuel présente les futurs leaders du pays...
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Mais qu’est-ce qu’il a encore dit ? » C’est la question qui revient sur toutes les lèvres dès qu’on évoque le nom d’Oussama El Khlifi. C’est que le jeune homme, figure de proue du 20-Février, tombe souvent dans des contradictions, parfois flagrantes, et dont il paie le prix cher.
Pourtant, ses propos restent cohérents. Dernier fait en date : deux vidéos sur le même site. Dans la première, Oussama se présente en tant que militant de la jeunesse ittihadie et appelle de tous ses vœux à une participation massive aux élections. Dans la seconde, il arbore sa casquette de vingtfévrieriste et appelle au boycott.
De quoi donner le vertige ! Jusqu’à présent, il s’est refusé à tout commentaire sur la question. Mais il finira par nous expliquer les raison de ce buzz. « La vidéo a été enregistrée le 4 novembre. A l’époque le mouvement n’avait pas encore pris sa décision sur la participation ou non au scrutin », précise-t-il. Et d’ajouter : « Je n’ai jamais voulu enregistrer la vidéo à ce moment-là , mais des membres du parti (USFP, ndlr), contraints par les délais de la boîte de production m’ont demandé de tourner, me promettant qu’elle serait gardée au frigo jusqu’à ce que le mouvement prenne sa position ».
En effet, Oussama fait partie de la jeunesse usfpéiste depuis sa tendre enfance. Mais la décision du M20 est claire : le boycott. Il s’exécute immédiatement et s’ensuivra la deuxième vidéo. « Par mauvaise foi, des membres influents du parti ont balancé ce spot sur YouTube pour se venger de ma non-participation à la campagne électorale. »
Loin d’être une première, ce buzz autour des deux vidéos fait suite à un autre amalgame. Celui de son éventuelle candidature d’abord sous les couleurs de l’USFP, puis celles du RNI. « Tout le monde veut exploiter mon image, martèle-t-il. Je n’étais au courant de rien jusqu’à ce que Hassan Tariq annonce sur un plateau télé que j’allais me porter candidat. J’ai par la suite réfuté cela dans plusieurs médias. »
Quant à l’histoire de son investiture comme tête de liste du RNI, il reconnaît avoir été courtisé par le parti de la colombe. « Une tête de liste nationale RNI égale un député. C’est évident, mais moi j’ai refusé », dit-il. I
l ajoute que la polémique née autour des conditions de son accréditation est due « au fait que je n’ai pas voulu dire non, préférant leur dicter des conditions draconiennes qui consistaient à ramener avec moi deux jeunes du mouvement … chose qu’ils n’ont bien sûr jamais acceptée ».
D’ailleurs, c’est ce type de nuances qui entraîne Oussama dans le piège des contradictions. Il a pourtant bien mûri depuis le 20-Février, et n’est plus, semble-t-il, le gamin révolté et emporté par une fougue protestataire sans limites. S’il a décliné l’offre du RNI de cette manière, c’est « pour justement ne pas dire que je préfère un parti à un autre ». Il précise qu’il n’est pas contre les partis – sous peine d’être anti-démocrate – mais plutôt contre les élites qui les dirigent. Et le fait de refuser une députation sûre (avec les 35 000 dirhams mensuels qui l’accompagnent) plaiderait en faveur de l’esprit « clean » de ce militant.
« Je suis le pare-choc du mouvement »
Admettant faire l’objet d’un matraquage médiatique, le plus souvent en sa défaveur, il refuse de céder à la tentation de la victimisation en mettant cela sur le dos de la mauvaise foi d’autrui.
« Celui qui s’active beaucoup augmente son risque d’erreur, et moi j’en ai commis plusieurs. » Ces erreurs, parfois fatales, sont, dit-il, le résultat de « réactions à chaud, souvent mal calculées, qui ponctuent notre bras de fer avec le Makhzen ». Argument à l’appui, il revient sur le référendum du 1er juillet.
« Après le discours du 17 juin, nous n’avions pas vraiment le temps de formuler une position politique vis-à -vis de la consultation référendaire. Certes ma position n’a pas changé mais j’aurais peut-être réagi d’une autre manière. » Depuis la naissance du mouvement, il y a neuf mois, Oussama a appris à encaisser les coups médiatiques au point d’y être complètement indifférent.
« J’en ai pris l’habitude et cela ne me fait ni chaud ni froid, par contre je suis affligé de voir que les attaques contre ma personne entachent l’image du mouvement. Je suis le pare-choc du M20, conclut-t-il. Le 20-Février, ce ne sont pas des personnes – bonnes ou mauvaises – mais plutôt des idées et des idéaux. Un espoir. »
Ali Hassan Eddehbi |