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Youssef Belal La nouvelle gauche 
actuel n° 97, vendredi 3 juin 2011
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Les dinosaures ont fait leur temps et la relève arrive. Chaque semaine, actuel présente les futurs leaders du pays...


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A 3 ans, Youssef Belal était déjà l’orphelin d’un des plus grands militants et penseurs de la gauche marocaine, Aziz Belal, disparu mystérieusement en 1982. Lauréat de Sciences Po Paris à 22 ans, il devient, cinq ans plus tard, membre du bureau politique du PPS (Parti du progrès et du socialisme).

A 32 ans, il compte plusieurs années d’enseignement en tant que professeur de sociologie politique et relations internationales, à l’Université Mohammed V de Rabat, un passage par un cabinet ministériel et une expérience riche de consultant auprès de l’ONU.

Autant dire que ce jeune et fervent militant de gauche est né pour être premier partout. Y compris sur le terrain de la contestation puisqu’il est l’un des rares hommes politiques à avoir non seulement pris fait et cause pour le vent de changement insufflé par le Mouvement du 20 février, mais à avoir marché… le 20 mars. Quitte à ce que son attitude jure avec celle, plutôt molle, de sa formation politique.

Aujourd’hui, celui qui préside aussi le Conseil consultatif pour les affaires économiques, sociales et culturelles du PPS, et qui est membre du Centre d’études et de recherches Aziz Belal (CERAB) à Rabat, se dit en attente.

En attente « du texte de la nouvelle Constitution, mais aussi d’être fixé sur le comportement de l’Etat qui brille en ce moment par son incohérence. Tantôt il tolère la libre expression et le droit de manifester, tantôt c’est la bastonnade systématique, comportement que nous remarquons depuis quelques semaines déjà ».

Selon ce natif de Casablanca qui a suivi ses études au Lycée Lyautey, deux principaux scénarios se profilent à l’horizon. Soit le texte sera à même de répondre aux aspirations des forces vives du pays, y compris le 20-Février, à savoir l’établissement d’une monarchie parlementaire et l’amorce de la fin des inégalités.

« Nous serons alors dans une configuration idéale qui nous propulsera des années à l’avance », dit-il. Ou alors, et c’est « le scénario le plus probable », nous serons dans une logique de réaménagements, sans réels changements dans l’immédiat. « Il faut dire que la posture adoptée par nos partis politiques favorise largement cette thèse.

Cela découlera forcément sur de nouvelles recompositions de la scène politique, avec de nouveaux clivages, mais suivant une logique non pas de consensus, mais de confrontations en guise de passage vers la démocratie. Et la contestation ne va pas s’arrêter entre-temps. Dans les deux cas, nous arriverons fatalement aux mêmes résultats, mais selon deux rythmes différents », prédit-il.

En cela, le Mouvement du 20 février est pour lui, malgré les divisions et les faiblesses dont il souffre, le mouvement qui pousse vers la démocratisation du pays.

Quid de la menace d’Al Adl ? Al Adl Wal Ihsane n’est qu’une composante parmi d’autres d’une scène politique et sociale qui compte de nombreux autres intervenants.

« Al Adl sait qu’il n’est pas le seul acteur et même un éventuel monopole, de sa part, du référentiel islamiste est d’ores et déjà cassé par des partis comme le PJD. Il devra fatalement composer et s’orienter vers le compromis.

Une chose est sûre, plus ce mouvement sera intégré et moins il sera tenté par le radicalisme. Aux autres formations de montrer qu’elles méritent mieux et plus la confiance des Marocains », insiste-t-il.

Parmi celles-ci, le PPS, un parti divisé au même titre que bien d’autres, entre une droite qui plaide pour des réaménagements et une gauche qui milite pour une monarchie parlementaire.

« Et la position officielle qu’exprime le PPS appartient aux premiers qui, au lieu d’être dans le débat, préfèrent faire comme le PAM et le RNI, en totale incohérence avec la mémoire du parti et avec leurs propres bases. »

La plus grande frustration de Belal reste la proposition émise par sa formation, dans le cadre du débat sur la Constitution, qui veut que le Conseil des ministres soit maintenu. « Cette volonté de plaire met non seulement le parti en danger vis-à-vis de l’opinion mais aussi de son électorat », prévient Belal. Verdict aux prochaines élections.

Tarik Qattab

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