A 23 ans, Anas Oulmidi, médecin en herbe et président de l’association Lueur d’Espoir, fait partie de ceux qui agissent pour un Maroc meilleur... pour tous.
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Un article sur moi ? Mais pourquoi ?» Contacté par actuel, Anas Oulmidi a du mal à parler de lui. Par contre, dès qu’il s’agit de son association, Anas est prolixe et son discours assuré. Cette première réaction en dit long sur l’engagement de celui qui n’emploie jamais la première personne. Son nom ne vous dit pas grand-chose, mais à 23 ans, Anas Oulmidi a contribué, aux côtés des membres de son association, à l’amélioration du quotidien de milliers de Marocains, et ce dans une totale discrétion. C’est en intégrant la faculté de médecine de Marrakech que l’étudiant a découvert Lueur d’Espoir. « Je voulais que mon temps libre soit utile. Des camarades m’ont parlé de Lueur d’Espoir, créée en 2005, pour aider les patients qui ne pouvaient pas se permettre de payer leurs soins. »
Anas ne réfléchit pas longtemps avant de rejoindre l’association. Très vite, il s’investit et participe au développement de ses projets, il y gravit les échelons au fur et à mesure de son implication. Au bout de trois ans, il est élu président. « Au début, on accueillait les malades à la fac, mais nous avons rapidement constaté que beaucoup venaient de loin. Afin d’aider un maximum de patients, nous avons décidé d’aller nous-mêmes à leur rencontre. » Ainsi est né le concept des Caravanes médicales. En six ans, Anas participe à plus de 70 expéditions, soignant avec ses équipes et des médecins bénévoles des centaines de malades. « Vous serez surpris de voir la générosité de nos compatriotes. Nous faisons le tour des laboratoires, pharmacies et particuliers pour récolter les dotations. De 20 à 150 000 dirhams ; les dons parfois programmés pour une seule activité nous permettent d’en réaliser plusieurs. La bonté existe vraiment, il faut juste la chercher. » En plus des consultations, Anas anime des campagnes de sensibilisation pour la prévention contre les MST, le tabac, l’initiation à l’hygiène buccodentaire et à l’hygiène maternelle pré et post-grossesse... « Les habitants de ces douars n’ont pour la plupart pas eu la chance de fréquenter l’école, le but est de les familiariser avec les bases d’hygiène dont ils ont été privés. » D’Aghbar à Immelane et Ijoukak, du douar Ikis à la périphérie de Zagoura, Anas sert aux côtés de Lueur d’Espoir l’autre face du Maroc, la face sombre et cachée que beaucoup ne connaissent pas, ou choisissent d’ignorer. « On ne cesse de répéter qu’au Maroc, personne ne meurt de faim ou de froid, mais la réalité est tout autre. La misère règne en maître dans ces endroits. » L’engagement médical prend donc ici une ampleur humanitaire. Durant le mois de ramadan, une centaine de ftours sont distribués à des familles, et à la fête de Achoura, de multiples cadeaux neufs sont offerts aux enfants. La devise du président, c’est la solidarité dans la dignité. « Ce n’est pas parce que ces gens sont démunis qu’il faut leur servir n’importe quoi, et n’importe comment. » Pour attendre leur tour à l’ombre, des tentes sont donc mises à la disposition des bénéficiaires. Et chaque année, des denrées alimentaires et des couvertures sont distribuées pour l’hiver. « Je n’oublierai jamais l’année où j’ai frappé à la porte d’une femme au foyer pour constater qu’elle avait survécu toute l’année avec la dotation qui n’était censée couvrir que l’hiver. Cela m’a marqué à vie. »
Malgré sa formation, Anas se dévoue corps et âme à l’association, supervisant toutes les activités qui s’élèvent en moyenne à 5 par semaine. La médecine, c’est un choix et une passion. « Je me rappelle avoir postulé pour toutes les facs du Maroc pour être sûr d’être pris », se remémore-t-il, tout sourire. Quand il ne révise pas et ne milite pas, le jeune activiste fait le tour des conférences politiques et sociétales. Cherchant toujours à faire plus, cet étudiant engagé rêve de rejoindre Médecins Sans Frontières. « Si je ne le fais pas, j’aurai raté ma vie » estime-t-il. Il est comme ça Anas, désintéressé, humain et charitable jusqu’au bout, au point même de ne pas être conscient de l’ampleur du travail accompli par son association. Pour lui, ce qui est anormal, c’est de ne pas donner, et non le contraire. « On n’a pas le droit de rester insensible et indifférent aux maux des plus faibles », ne cesse-t-il de marteler. La vraie lueur d’espoir pour un Maroc meilleur, c’est bien lui et ses semblables. Et sa lueur brille du feu de la reconnaissance de milliers de Marocains. Egal à lui-même, le médecin de nos frontières n’osera jamais se l’avouer.
Ranya Sossey Alaoui |