C’est le nouveau visage du PAM à Tanger. Un jeune bien né, la tête bien faite et qui déborde d’ambition.
Atout juste 29 ans, il s’est présenté en tant que tête de liste du PAM contre le PJD, lors des élections législatives partielles de Tanger. Lui, c’est Adil Dfouf. Physiquement, il ressemble étonnamment à Driss Lachgar (député USFP). Mais la comparaison s’arrête là . Adil est un garçon sympathique, plutôt réservé, bien que son propos soit parfois acerbe. Natif de la ville du détroit, Adil a grandi à Tanger avant de plier bagage pour Rabat une fois le bac en poche. Il retourne au bercail après avoir obtenu son master en économie, pour s’occuper de l’entreprise familiale, dans le domaine du textile-habillement. Quelques mois plus tard, il se présente aux élections locales de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), sans succès. Le jeune homme ne s’en offusque pas, car il a d’autres priorités. A commencer par la politique qu’il a rejointe en 2009 avec la création du PAM. Pourquoi ce choix ? « C’est l’effet de nouveauté qui m’a attiré, ironise-t-il, avant de reprendre sérieusement, non. Ce sont plusieurs amis à moi qui m’ont encouragé à rejoindre ce parti qui donnait beaucoup d’importance aux jeunes. »
Mais l’idylle avec le parti du tracteur tourne court. Lors des communales de 2009, la formation politique n’accepte pas que Adil se présente en tant que tête de liste de sa commune. « J’étais sûr de moi. C’était mon quartier et j’allais remporter le vote haut la main », raconte-t-il. Déçu de n’avoir pas eu gain de cause, il claque la porte du PAM et se porte candidat sous les couleurs des Forces citoyennes. La chance lui sourit, et il devient conseiller communal puis… rejoint le PAM à nouveau. « Au départ, je ne voulais pas quitter le parti. Je l’ai fait parce que j’ai été privé de ma candidature », justifie-t-il. Lors des législatives du 25 novembre, le PAM ne consacre pas de liste aux jeunes dans la région Tanger-Asilah. Adil fait alors partie de la liste de Fouad Omari (actuel maire de Tanger, ndlr). Puis, quand les élections sont reconduites, il se trouve naturellement en tête de liste. « C’est un grand défi pour moi. Lors de ma campagne, j’ai été choqué par le niveau de méfiance et de désaveu envers la politique de la part de nombreux citoyens », se désole-t-il. En pamiste convaincu, il assure, sans hésitation, que « c’est le PJD qui est derrière cette désaffection de la politique ».
L’analyse paraît exagérée. Mais elle ne choque pas dans la bouche d’un membre du PAM. « Nous avons des projets sociétaux complètement différents. Nous sommes des modernistes, et nous ne tolèrerons aucune dérive obscurantiste, assure-t-il. Au PAM, nous sommes progressistes, mais cela ne veut absolument pas dire que nous allons nous détacher de nous-mêmes. » Pour lui, c’est une « modernité qui ne déroge pas aux constantes de la nation ». Une formule plutôt insolite que l’on pourrait interpréter de la sorte : on peut boire, fumer, sortir en couple, tout en étant musulman, mais sans aller jusqu’à revendiquer un Maroc laïque ! Une autre raison sous-tend l’adhésion de Adil au PAM. « La lutte contre ceux qui monopolisent l’islam et excluent les autres. Comment expliquez-vous que le PJD prétende que sa jeunesse ne compte aucun fumeur ? Pourquoi ? Les fumeurs sont-ils des mécréants à excommunier ? », s’insurge ce jeune politique qui voit très grand. Quand on l’interroge sur ses projets d’avenir, il répond avec aplomb qu’il veut être chef de gouvernement. Rien que ça. « Pourquoi pas ? En quoi Benkirane est-il meilleur que moi ? », se demande-t-il, l’air confiant. D’ici-là , Adil affûte ses armes politiques, et se consacre à son premier objectif : devenir député. Le reste du temps, il le consacre à une autre passion, le sport. Il est, depuis quelques années déjà , le président du club local de football, l’Ittihad de Tanger. Cela lui vaut un minimum de voix : celles des supporters. A moins que ceux-ci ne boycottent l’élection en raison des mauvais résultats dans lesquels s’embourbe ce club de deuxième division depuis quelques années.
Ali Hassan Eddehbi
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