Le Sniper est un twitto respecté qui préfère les balles précises aux tirs nourris. La seule cible qu’il épargne : la monarchie.
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Merouane, look BCBG, est entrepreneur dans le domaine de la veille stratégique et de l’intelligence économique. Agé de 38 ans, marié et père de trois petites filles, il roule en 4x4 avec siège bébé à l’arrière et ressemble au commun des cadres casablancais.
Sniper_ma est, lui, un cybercitoyen « qui tire sur tout ce qui bouge », s’intéresse à l’open gouvernance et à la transparence. C’est pourtant une seule et même personne. Dans une blogoma/twittoma plutôt jeune et abreuvée d’impertinence, Sniper est le sage du village, « le chef du gouvernement » élu par les twittos à ce « poste » grâce à sa retenue et son sens de la mesure. Pour mieux le connaître, nous avons demandé à ses « collègues » du virtuel de twitter leur avis sur lui. Florilège : @ Electre_ : « analyste neutre et mesuré, fin sens de l’humour, preuve de son intelligence. Sa modestie n’a d’égal que sa grandeur d’âme. @ LouLai_ : Funambule des fils twitteriens : maîtrise sereine des débats, sagesse et humilité. @ 7didane : il est chauve, louche, fait les revues de presse gratos et le business dans le virtuel.
Son plus grand fait d’armes est d’avoir réussi, avec ses amis twittos, à faire passer le débat sur les télécoms du virtuel au Parlement, à travers une question de l’ex -député USFP, Khalid El Hariry.
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Sniper n’est pas jouer
Le sniper est un corps d’élite qui choisit ses cibles, va jusqu’au bout et tire de loin. « Je n’ai pas une opinion sur tout, partout. Pour moi, la rédaction d’un billet, c’est deux semaines et non pas deux heures », explique Merouane aka Sniper_ma, devenu hyperactif depuis le Printemps arabe. « De source sniper certifiée », lance-t-il, en commentant la polémique sur le salaire de Omar Salim, le journaliste de 2M. C’est une des particularités de Sniper : la recherche de l’info, son recoupement et la publication, tous les soirs, d’une revue de la presse très suivie par les twittos. Sa formation d’informatiste (archiviste, documentaliste et bibliothécaire) à l’Ecole des sciences de l’information, sa spécialité de consulting dans les réseaux sociaux et sa casquette d’enseignant à l’Université de Settat l’aident dans cette orientation qui privilégie l’information au commentaire persifleur. Il n’est pas « NihiLOL » (nihiliste rigolo qui tombe dans la caricature à force de critiques. Un terme dont Sniper revendique la paternité), et encore moins un thuriféraire des « réalisations » du régime. « Je ne pense pas que quelqu’un puisse être makhzenien par conviction : on l’est par opportunisme ou naïveté », résume-t-il.
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Une paix « royale »
Seule ligne rouge que s’impose Sniper : ne pas parler, par déontologie, de ses clients et de certains dossiers sur lesquels il a travaillé, et ne pas critiquer le roi. Frileux et peureux le Sniper ? Non, se défend-il. Il hésite, réfléchit et finit par répondre : « Dans le code génétique de tout Marocain moyen, il y a une certaine pudeur vis-à -vis de l’institution monarchique. Je pense que la modernisation devra se faire avec le roi qui est une partie de la solution. » Sniper se définit politiquement comme « islamiste de gauche », même s’il avoue ne pas avoir bien creusé la question. Il pense qu’il faudra créer notre propre modernité, totalement ouverte sur l’autre, « ni hassanienne ni pamiste », mais respectueuse de l’héritage religieux avec les valeurs de justice sociale et l’humain au centre. Ce serait un mélange du Parti justice et développement pour la démocratie interne et « l’hygiène partisane », et d’Al Badil Al Hadari pour le côté intellectuel et ouvert.
Même s’il n’aime pas le terme, Merouane sait qu’il a une « certaine influence » sur twitter avec plus de 3 711 « followers », les abonnés à sa page. Contrairement à ceux qui se vantent de leur « influence » et comparent « qui a la plus grosse » sur Klout, outil de mesure d’audience des profils médias sociaux, Sniper sait rester modeste. « On n’est pas là pour exister mais pour partager. C’est comme les médias, il faut garder la tête froide et répondre à tout le monde, ne serait-ce qu’avec un smiley », explique-t-il.
C’est sûr, Merouane et le Sniper sont gentils.
Zakaria Choukrallah
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