Malgré une allure juvénile, Rachid Sassy traîne vingt ans de vie politique derrière lui. Un pur centriste, mais avec une petite touche militante.
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Quand ont sait qu’il s’est présenté, sans aucune chance, contre Salaheddine Mezouar lors du cinquième congrès du Rassemblement national des indépendants (RNI), on a tendance à croire que Rachid Sassy n’est qu’un lièvre qui reviendra à l’anonymat juste après la fin de la course. Erreur ! Membre du parti de la colombe depuis 1991, il a une longue carrière derrière lui. « J’ai intégré le RNI alors que je commençais ma carrière d’avocat. » Un choix plutôt incompréhensible quand on sait à quoi ressemblait le RNI des années 90 ! « Il est tout à fait vrai que le parti avait la réputation d’une formation administrative, mais moi je l’ai intégré pour une seule raison. Son idéologie de social-démocratie qui n’existait nulle part ailleurs à l’époque », justifie-t-il. Et aussitôt inscrit au parti, Rachid Sassy se jette dans le bain de la politique. Il a 23 ans quand il se présente pour la première fois, en 1991, aux élections communales dans son quartier. « J’avais à peine l’âge légal de me porter candidat. J’ai perdu par un écart de cinq voix, qui plus est dans la circonscription des Orangers à Rabat, fief de l’USFP. » La deuxième fois sera la bonne : le jeune rniste réussit l’examen des urnes et devient conseiller communal à l’Agdal-Riad. Il mène alors une longue carrière dans la gestion locale qui le porte au poste de maire adjoint de Rabat. Mais au sein de sa propre formation, Rachid n’a pas fait beaucoup de chemin. Il lui a fallu patienter de 1991 à 2007 pour devenir « à peine » membre du conseil national. « Parce qu’on ne tient pas de congrès, et le renouvellement des élites n’a jamais été une priorité », confesse l’avocat rbati.
« Le RNI, ma deuxième famille »
Malgré tout, Rachid confie ne s’être jamais vu ailleurs qu’au sein de la formation de la colombe. « Le RNI est ma deuxième famille, j’y appartiens malgré les problèmes internes », assure-t-il. Encore plus surprenant pour un rniste, Rachid se trouve être un vingtfévriériste dans l’âme ! « Je suis sorti le 20 février 2011 et j’étais au premier rang… juste devant le wali avec qui, normalement, je travaille en tant que maire », se souvient-il sourire aux lèvres. Et peu avant la deuxième grande marche du 20 mars, Rachid réussira à organiser un débat entre les jeunes du mouvement et quelques cadres du RNI, dont son président, Salaheddine Mezouar. « J’ai eu beaucoup de mal à les convaincre de venir débattre. Mais finalement ils l’ont fait le 18 mars 2011. » Ils ont, naturellement, demandé à Mezouar de démissionner du gouvernement. Mais celui-ci a expliqué aux jeunes militants qu’il ne pouvait pas le faire au nom de la solidarité gouvernementale. Une solidarité que Mezouar n’a d’ailleurs pas hésité à écorner quand il s’en est pris à son rival Abbas El Fassi en pleine campagne électorale.
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Gestion unilatérale
Lors de sa campagne pour la présidence du parti, Rachid Sassy n’a eu de cesse d’attirer l’attention sur certains problèmes qui bloquent la démocratie interne, dont les prérogatives « trop » élargies de l’équipe dirigeante. « C’est très dur, surtout pendant les trois dernières années. L’équipe dirigeante a pris des décisions contraires aux statuts du RNI », affirme Rachid avant de citer un exemple. « Lors du passage à l’opposition, nous avions dit que seul le conseil national était habilité à trancher cette question, mais Mezouar a invoqué comme argument que le conseil national était très divisé sur la question. » Et de s’interroger: « N’est-ce d’ailleurs pas là tout l’intérêt de le réunir ? »
« Les militants n’ont jamais accepté cette gestion unilatérale, tout comme l’intrusion de membres parachutés à la dernière seconde », ajoute le candidat malheureux du dernier congrès du RNI.
Alors pourquoi ne font-ils rien pour l’exprimer ? C’est une question qui restera sans réponse. Ni Rachid Sassy ni les autres ne sont en mesure d’expliquer pourquoi les rnistes acceptent tout cela sans réagir…
Ali Hassan Eddehbi |