Pour ceux qui connaissent le Macchiaioli, Roberto Cavalli n’est autre que le petit-fils de Giuseppe Rossi, une des figures emblématiques de ce courant pictural du XIXe siècle, et dont les œuvres ont longtemps orné la Galerie des Uffizi de Florence. Cet artiste protéiforme a bâti un empire en bousculant les codes de la mode. Son héritage artistique l’y a inexorablement aidé. Vanter l’extravagance du style Cavalli est un pléonasme. Ses collections sont un hymne à la sensualité. Quant au styliste de renom, c’est un Florentin pur jus, comme on l’aurait imaginé. Rencontre avec un éternel séducteur à l’occasion de la réouverture de sa boutique à Casablanca.
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Le style Cavalli
Je le puise dans la nature. Lorsque mon succès a commencé il y a douze années de cela, j’ai compris que j’avais contribué à secouer un tant soit peu le style de vie des femmes. Je me rappelle que lorsque je me promenais dans la Rue Monte Napoleone à Milan, les vitrines des magasins étaient à peu près toutes de la même couleur. Le gris et le noir y régnaient en maîtres. Le minimalisme était à son paroxysme. C’est là que j’ai eu l’idée d’imprimer des jeans en stretch, de mettre en évidence la couleur. Cette tendance a exacerbé la sensualité féminine.
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Ma Toscane
Elle est à l’origine de la voie artistique que j’ai empruntée. Je suis né à Florence et j’y ai humé l’art depuis tout petit. Cette inspiration m’a mené vers l’Ecole des beaux-arts où j’ai fait mes études, puis vers une carrière de peintre que j’ai à peine entamée.
A cette époque de l’année, Florence ressemble à l’œuvre d’un peintre macchiaiolo car le doux soleil du printemps accentue ses couleurs. J’adore parcourir les rues de ma ville avec ma petite Smart. J’aime longer le Lungarno en me délectant de la vue des monuments artistiques et de la Place Michelangelo. A quelques lieues, vous avez les collines toscanes de Panzani I Chianti qui produisent mon vin. J’adore marcher entre les vignes. Mon fils Tommaso, quant à lui, y produit la vodka Roberto Cavalli.
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Ma première boutique
Bien que j’aie commencé ma carrière à Florence, j’ai choisi d’ouvrir ma première boutique à Saint-Tropez. C’était en 1972 et toutes les beautés iconiques de l’époque telles que Brigitte Bardot, Sophia Lauren, Consuelo Crespi et bien d’autres, ont tout d’un coup, commencé à se précipiter chez moi. Les années qui ont suivi ont été incroyablement inspirantes, porteuses d’un désir de changer le monde, y compris à travers la mode.
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Casablanca
Ce sont les femmes orientales qui ont été les premières à comprendre et à aimer la positivité de mes créations. Le Maroc est plein de couleurs et Casablanca respire la mode… à l’image de mes collections.
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Ma plus grande fierté
D’être père de trois garçons et de deux filles extraordinaires.
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Mon plus grand regret
De ne pas être homosexuel comme tout le monde le voudrait. (Rires). Plus sérieusement, je n’ai pas de regrets. Ma vie n’est pas trop mal. Je ne voudrais rien y changer.
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Ma création fétiche
Une longue robe de soirée avec un imprimé animalier.
Mon livre de chevet
Je suis un féru de Tiziano Terzani car tous ses livres parlent de voyages, d’aventures dans des contrées lointaines. J’aime voyager et immortaliser tous les détails de la nature avec mon appareil photos.
Propos recueillis par Asmaâ Chaïdi Bahraoui |