De sa tombe, Ibn Battuta devrait se réjouir. Plus de six siècles après sa disparition, il s’est trouvé une digne héritière : Leila Ghandi. Passionnée de voyage comme le célèbre explorateur tangérois, la jeune Casablancaise parcourt le monde depuis plus de dix ans. Ses pérégrinations ont accouché d’un premier livre, Chroniques de Chine, qui jette une lumière crue sur ce pays à la fois lointain et fascinant.
Globe-trotter, Leila est également une mordue d’images. A telle enseigne que, malgré un diplôme de Sciences Po Paris en poche, elle a préféré faire de la photographie une profession. Histoire d’immortaliser ses innombrables rencontres. De la photo à la réalisation, il n’y a qu’un pas que Leila a vite franchi. A partir du 25 mars courant, 2M diffuse Voyage avec Leila Ghandi, une série de documentaires qu’elle vient de réaliser.
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Les rencontres qui m’ont marquée
Chaque rencontre est particulière et apporte des choses différentes. Il m’est difficile de les hiérarchiser. Je me souviens d’un gaucho en Patagonie argentine avec qui j’ai chanté pendant toute une journée, en buvant du maté ; d’un Mongol qui a abattu d’un coup de fusil une marmotte pour la partager avec moi ; d’un Sibérien à qui j’ai préparé une infusion à la cerise que nous avons bue ensemble au bord du lac Baïkal ; d’un shaman de la forêt amazonienne qui m’a offert un bout de toit pour que j’y accroche mon hamac... Chacune de ces rencontres a fait naître en moi le besoin de raconter l’histoire des autres, et a contribué à faire de moi celle que je suis aujourd’hui.
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Mon regard sur le monde
Une vision empreinte des autres. C’est un peu comme si à mon regard s’était ajouté un mélange d’influences culturelles. Comme si mon horizon s’était un peu élargi…
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Mes mentors
J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille extraordinaire qui m’a beaucoup appris. La détermination de ma grand-mère, la sensibilité de ma mère... Mon père, qui est ma référence éternelle, mon inspiration, mon guide.
Mon mari, qui est ma force, mon soutien, mon pied sur terre, mon Ă©largisseur de vision, mon empĂŞcheur de tourner en rond, mon pire critique, mon meilleur ami.
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Mon rĂŞve
Que le Maroc s’ouvre au monde et aux autres cultures, que les Marocains acceptent les diversités marocaines sans jugement et sans chercher à imposer un mode de vie en particulier. Qu’on écoute Hamdaouia ou Madonna, qu’on parle l’arabe ou le français, qu’on porte le voile ou le débardeur. Que nous sachions nous respecter dans nos différences et que chacun puisse se sentir libre de mener la vie qu’il souhaite.
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Mon coup de gueule
Ma grand-mère était pratiquante, portait des jupes courtes, et était profondément respectée par tous. Il me semble que la situation a changé aujourd’hui. Coup de gueule contre les retours en arrière, la pensée unique et le conformisme de masse, la radicalisation ambiante, le communautarisme exacerbé, la tolérance revendiquée sur le papier et souvent pas du tout incarnée dans les faits.
Grand coup de gueule également contre le fait qu’il n’y ait qu’une seule femme au gouvernement.
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Le livre de ma vie
J’ai aimé plusieurs livres, chacun m’aura beaucoup marquée au moment où je l’ai lu. Le Prophète de Khalil Gibran, L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera, Guerre et Paix de Tolstoï, La Prophétie des Andes de James Redfield... en font partie.
Propos recueillis par Bassirou Bâ |