C’est la fille cachée de Dalida et d’Enrico Macias. Sa musique, très calorique, glisse comme un loukoum sur la langue et donne une irrépressible envie de chalouper du bassin en dessinant des arabesques avec les mains.
Â
Juive tunisienne de Paris, elle séduit un public plus large que sa communauté, en France... comme aux Etats-Unis, où elle vient de donner un premier concert à Miami. A Casablanca, elle s’est produite pour la première fois à l’hôtel Art Palace, où elle nous a reçu dans une suite aussi luxuriante que ses mélodies.
Â
Chanter
C’est ma raison de vivre. C’est une évidence. Depuis que je suis née, je chante. Si je ne chante pas, je meurs.
Â
Ma vie d’avant
J’ai compris très vite que les mécènes n’existaient plus et que les maisons de disques ne prenaient plus des artistes pour les former. Alors j’ai travaillé pour trouver de l’argent afin de me lancer. J’étais représentante en lunettes uniquement dans le but d’investir dans ma carrière. J’étais aussi chef de pub et ça m’aide aujourd’hui alors que je m’autoproduis : je sais très bien gérer des budgets et également où je dois communiquer.
Â
Ma grand-mère
C’est elle qui m’a élevée. Quand elle a disparu, j’étais prête et je l’ai bien accepté. Elle m’a passé le relais à ce moment-là . Je savais que j’allais devoir mettre en œuvre tout ce qu’elle m’avait enseigné.
Â
Mes mentors
Ma muse, c’est Dalida, mon modèle, c’est Enrico Macias. Ils chantent ce que j’aime chanter, cet univers franco oriental, cette fête... c’est le monde dans lequel je vis.
Je ne suis pas non plus une copie des grands maîtres. J’ai créé mon propre univers. Mais il y a aussi d’autres influences comme celles des grands standards égyptiens tels que Abdel Halim Hafez ou Farid El Atrache. C’est une musique tellement riche. Leurs chansons ont bercé mon enfance.
Â
Mon objectif
Je veux ramener la nouvelle génération à cette musique franco-orientale. Ce qui m’enchante, c’est de collaborer avec des rappeurs, des slameurs, des chanteurs de zouk ou des chanteurs congolais...
J’adore aussi rapprocher les deux Afrique.
Â
Mon public
Il est âgé de 7 à 77 ans ! Ma musique est un héritage que beaucoup s’approprient. Au départ, les parents venaient, puis ils ont amené les enfants, puis les grands-parents... C’est la folie, les gens se mettent debout et dansent. Ils viennent de partout, des campagnes françaises comme de New-York. La communauté juive n’est pas mon unique public.
Â
L’interprète que j’aime interpréter
Edith Piaf. J’ai fait une reprise de l’hymne à l’amour. Elle me permet vocalement de m’exprimer. Dans les chansons festives, on n’a pas toujours envie de monter la voix. Quand je la chante, je vibre de la tête aux pieds. Elle est magnifique en tant qu’artiste et en tant que femme. En plus, elle a grandi dans le même quartier que moi, Belleville, à Paris ! C’est un quartier qui mélange les cultures et les religions depuis des décennies.
Je me souviens que j’obligeais ma grand-mère à aller prendre mon petit déjeuner au café La Vieilleuse, car ça appartenait au père d’Edith Piaf.
Slimane Ammor |