Pour la 19e édition, Kamil El  Kholti s’élancera pour la 18e fois au volant d’une voiture vintage sur la route du Maroc Classic. Cette course de vieux bolides privilégiant la régularité sur la vitesse était la création de son ami Jean-François Rageys décédé peu de temps après la dernière édition.
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Le rallye survivra à son créateur et El Kholti est, aujourd’hui, l’âme de cette course au grand cœur... qui est devenue la principale source de financement de l’ONG L’Heure Joyeuse. Mais El Kholti le pilote a aussi d’autres vies à raconter.
Fondateur de Pigier au Maroc et golfeur émérite, ce personnage haut en couleur, et fort en gueule, sait manager ses troupes comme un bon officier. Ainsi qu’il le raconte dans son autobiographie Un parcours singulier, El Kholti fut, avec Hosni Benslimane, l’un des premiers officiers marocains issus de la prestigieuse école militaire française Saint-Cyr...
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Ma plus grande fierté
Etant né à Paris de mère française, j’étais un peu étranger en venant au Maroc. Mais quand j’ai prêté serment à l’Armée royale en la rejoignant, j’ai eu le sentiment de mon appartenance marocaine. Cela illustre ma vie : je prétends qu’on peut être fidèle à deux origines sans se déjuger, en étant logique et honnête avec soi. Mon ami Etienne Mougeotte disait de moi que j’étais l’avocat inlassable des positions du Maroc en France et le défenseur inlassable de la France au Maroc.
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Saint-Cyr
J’y ai appris que la première vertu du commandement, c’est l’exemple. Il faut avoir fait ce qu’on demande de faire aux autres. Je pense qu’ici, il faudrait pouvoir appliquer cette règle de temps en temps... Je suis certes un peu autoritaire. Mais vous pouvez interroger tous les gens qui ont eu le douteux privilège de travailler avec moi, dans l’armée, le pétrole ou l’enseignement, je suis quelqu’un d’assez strict qui essaie d’être très juste.
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Le Maroc d’avant
Les gens étaient patients. Ils ont tellement patienté... qu’ils ne veulent plus patienter ! J’ai l’impression que pour des jeunes aujourd’hui, la démocratie c’est rouler à trois sur un scooter d’une origine imprécise, sans casque et en sens inverse. Mais on a tellement tiré sur la corde que la quantité de patience est épuisée...
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Mon plus grand regret
Pourquoi, compte tenu de mes expériences, ne me suis-je pas lancé dans une carrière politique ? Mais je n’ai pas fait un effort suffisant pour être complètement bilingue. Malgré tous mes professeurs, je ne suis pas devenu assez arabisant.
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Le golf
Je suis assez nerveux et ce sport, où il faut beaucoup de maîtrise de soi, me calme. On joue contre soi-même ou le terrain, pas contre les autres. On baisse de niveau avec l’âge, mais on ne s’en rend pas compte. Un coureur de 100 mètres sait très vite quand il n’est plus dans les temps. Au golf, on compense un peu... sauf quand ça devient irrémédiable !
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La conduite automobile
C’est un des grands défis de ma vie. Je ne suis pas très téméraire, mais j’ai toujours essayé de dépasser la peur et mes limites. La course automobile, c’est ça : savoir exactement jusqu’où on peut aller dans un virage.
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Mes voitures préférées
Je n’ai pas les moyens de les avoir : les Ferrari 212 ou 250 GTO, ces lignées des années 50 et 60, c’est la beauté à l’état pur. J’aime aussi la Porsche 550 RS, celle avec laquelle James Dean s’est tué. Il y en avait une au Maroc que j’ai eu le privilège de conduire... prudemment, puisqu’elle n’était pas à moi.
Propos recueillis par Eric Le Braz |