Nicolas Sarkozy n’est pas encore en campagne électorale, mais il a un champion qui s’en occupe et sillonne la France et les plateaux télé. Scribe du président français, dont il a écrit maints discours, et idéologue de l’Union pour la Méditerranée, une belle idée toujours en panne sèche, Henri Guaino est une éminence grise de la politique française qui aime les projecteurs. Et la castagne.
Serial polémiste, il a déjà traité BHL de « petit con prétentieux », après que celui-ci l’eut traité de raciste à la suite du discours de Dakar écrit pour Nicolas Sarkozy. Il y a quelques jours, alors qu’il enchaîne les directs de précampagne électorale, il s’est emporté contre le chroniqueur d’i-Télé et journaliste de Marianne José Macé-Scaron.
Ce dernier, plusieurs fois mis en cause pour des histoires de plagiat, estimait que le débat sur l’identité nationale avait été indigne. Réplique de Guaino : « Vous êtes qui pour me dire ça ? Vous avez fait quoi dans votre vie ? [...] Je ne viens pas sur un plateau pour me faire insulter. » Quand on l’a rencontré, voici quelque temps, ce souverainiste farouche, reconverti en bretteur sarkozyste, était beaucoup plus détendu...
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Mon mentor
C’est Philippe Séguin qui a eu le plus d’importance dans ma vie. Je l’ai connu à 33 ans et j’avais déjà forgé ma pensée politique. Plus qu’un maître à penser, ce fut pour moi un homme avec qui j’ai longuement échangé et partagé. C’est la personne qui a le plus compté... ce qui ne veut pas dire qu’on ne se disputait jamais !
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Le livre de ma vie
Le livre qui m’a le plus ému c’est Le premier homme d’Albert Camus. J’ai mis des années à le lire car c’était un manuscrit inachevé. Mais Filkenkraut ne cessait de me parler de monsieur Germain, l’instituteur de Camus. Donc, je l’ai lu pendant l’été 2010.
Certes, cet ouvrage n’est pas fini et même les prénoms changent d’une page à l’autre. Mais j’ai été ému comme jamais car j’y ai retrouvé une partie de ma vie. Son père est mort à la guerre, moi je suis de père inconnu. Il fut élevé comme moi par sa mère, femme de ménage, et sa grand-mère.
Camus y écrit des phrases extraordinaires. Alors qu’il remplit une fiche à l’école en mettant domestique pour la profession de sa mère, il écrit : « Ce jour-là , Jacques découvrit la honte. Et la honte d’avoir honte. »
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Un rĂŞve
L’Union pour la Méditerranée.
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Ma ville
Arles, ma ville de naissance et de mon enfance. Je pensais, quand j’étais petit, que dans toutes les villes de France, il y avait une église, une mairie et une arène. Arles est une ville qui fut un joyau de l’empire romain... Tout ce que je suis vient de là .
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Un pays, Ă part la France
L’Italie, à cause de Rome, de la lumière, de la culture, de Michel-Ange, de Raphaël…
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Mon Maroc
Il y a bien sûr la nature, c’est l’un des plus beaux pays que je connaisse. Mais surtout, c’est l’un des plus vieux Etats-nations du monde. C’est un vrai pays enraciné dans la longue durée de l’histoire. Il n’y a pas beaucoup de vieux Etats-nations : la France, le Danemark, le Japon, le Maroc... Et puis il y a cette façon dont les populations se sont mélangées pour former un seul peuple. Tout ceci fait un pays, une nation qui n’est pas fondée sur l’ethnicité mais sur une histoire et des valeurs communes.
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Mon meilleur ennemi
Moi-mĂŞme.
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Et BHL ?
Non, ce n’est pas mon meilleur ennemi, c’est rien.
Propos recueillis par Eric Le Braz |