Jeune pionnier du cinéma français des années 80, truand juif pied-noir dans Le grand pardon, macho dans Pédale douce ou père courage bouleversant dans Le petit prince a dit, Richard Berry est aujourd’hui un réalisateur à succès.
Propulsé par son deuxième film Moi, César, 10 ans ½, 1 m 39, il a réalisé en 2010, L’immortel, l’histoire d’un gangster marseillais qui a survécu à 22 balles dans le corps, l’un des rares films à avoir réalisé un million d’entrées en France et autant à l’international.
Aujourd’hui sur les planches à Paris, il commence à se lâcher dans le débat présidentiel. Quand l’acteur François Berléand estime qu’Eva Joly, la candidate écolo, ne devrait pas se présenter à cause de son accent, il lui rétorque qu’il devrait voter pour Marine Le Pen « qui, elle, parle français sans accent, mais un français détestable ». Et que votera Richard Berry ? « C’est sûr que je voterai Hollande. Mais bon, ça me fait mal au cul quand même. » Quand on l’a rencontré à Marrakech, il était beaucoup plus posé...
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Le film de ma vie
Angels with dirty faces, avec James Cagney : c’est l’histoire de deux frères, l’un est prêtre, l’autre un grand voyou. Je me suis identifié un peu aux deux. A la fin plutôt au voyou car il est dans la rédemption. J’avais 8 ans et je me suis dit, voilà ce que je veux faire plus tard, sans savoir si je voulais être voyou ou acteur. Et j’ai finalement compris que c’était le jeu qui m’intéressait.
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Le film qui m’a transformé
Le petit prince a dit de Christine Pascal. Un film simple et fort où je jouais le rôle du père d’une petite fille malade et condamnée, qui décide de la sortir de l’hôpital pour lui faire vivre ses derniers jours de bonheur.
Le personnage m’a énormément marqué d’autant que, à cette époque, j’avais une enfant d’à peu près le même âge que le personnage et ma femme était enceinte de notre deuxième fille. Je me suis vraiment projeté dans ce rôle.
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Le rĂ´le de ma vie
C’est quand j’ai sauvé ma sœur. C’est un vrai rôle dans la vraie vie. Le reste, ce n’est que du jeu. Je lui ai donné un rein, il y a cinq ans. Elle a une maladie génétique et ma mère lui avait déjà donné un rein, il y a une quarantaine d’années. C’est un rôle gratuit. On n’est pas du tout prédestiné à le jouer mais la vie vous l’impose. C’est, à mes yeux en tout cas, le plus beau de mes rôles.
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Mes acteurs fétiches
Marlon Brando, Montgomery Clift, James Cagney, De Niro... J’ai un peu de mal avec les acteurs français. Ou alors Harry Baur, Charles Vanel... ça date un peu, bien sûr.
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Mes actrices
Ava Gardner... Mais aujourd’hui, c’est Cate Blanchett. C’est une actrice que je trouve absolument sublimissime.
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Mes meilleurs souvenirs
C’est le tournage de L’immortel, 17 semaines extraordinaires. Le tournage s’est bien déroulé et, aujourd’hui, je suis fier du film et de son succès.
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Ma réplique préférée
Je ne sais pas. Je ne suis pas comme ça. Je ne retiens ni les blagues ni les répliques. Sauf... peut-être celle d’Audiard : « Quand on mettra les cons sur orbite, t’auras pas fini de tourner. »
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Marrakech
Il y a une folie dans cette ville, une mixité, elle avance plus vite que les autres ; parfois elle sombre dans des excès mais retombe toujours sur ses pieds, comme un chat.
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Propos recueillis par
Eric Le Braz |