Mal aimé dans son pays, Jean-Jacques Annaud est le seul réalisateur français qui cumule les succès internationaux depuis trente ans. Ceci explique cela. Et quand il a voulu quitter le sillon des films commerciaux avec son étonnant Sa Majesté Minor, il a connu son plus grand bide.
Avec Or noir, son dernier film, il revient au cinéma d’action, d’émotion et d’histoire (s). C’est bien là qu’il excelle. Ce cinéaste, qui a le sens du romanesque et du grand spectacle, était le premier « hommagé » du Festival international du film de Marrakech.
Il nous a alors appris que son père, qui a fait la guerre du Rif dans le génie, a bercé son enfance de souvenirs d’ici. On imagine le film qu’il pourrait en tirer… Brève rencontre avec le réalisateur courtois et sensible de L’Amant, La guerre du feu, Le nom de la rose, Deux frères ou Stalingrad, qui n’a décidément rien d’un Ours !
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Le film qui m’a donné envie de faire du cinéma
La bataille du rail : c’est le premier film que j’ai vu. Mon père, qui était devenu cheminot, avait tenu à ce que ma première leçon de cinéma soit un film sur les chemins de fer et la résistance à l’envahisseur. La bataille du rail, c’est un peu le premier docu-fiction et c’est aussi un film spectaculaire, j’en garde un souvenir extraordinaire !
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L’acteur qui m’a le plus scotché
Patrick Dewaere était un acteur extrêmement émouvant, très troublé, qui avait le mal de vivre sur la peau et dans les yeux. Mais il avait aussi un mélange de tendresse et de violence exceptionnel.
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L’actrice…
J’ai beaucoup de respect pour LhakpaTsamchoe, la comédienne de Sept ans au Tibet, car elle a une dimension spirituelle unique. Elle passait par exemple une demi-heure pieds au mur, appuyée sur la tête avant de venir sur le plateau. C’est une femme d’une grande intelligence, extrêmement respectable.
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La scène dont je suis le plus fier
J’aime beaucoup la scène d’ouverture de Stalingrad. Je l’ai faite avec joie et gaillardise. Il y avait une envie d’épopée. J’étais embarqué par ce mouvement. Curieusement, la scène était facile à faire. Il y avait mille figurants et c’était facile. Mais c’est plus simple de diriger mille figurants que de diriger deux comédiens dans une scène d’amour.
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Mon plus gros bide
Minor. J’ai dérouté beaucoup de gens. Ceux qui auraient pu le voir n’allaient pas voir mes films. Il y a des limites à la diversité qu’on peut avoir. Moi, on a tendance à me ranger dans un genre identifiable.
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Mon prochain projet
L’histoire d’un jeune homme dans les années 60 qui découvre la civilisation mongole.
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J’aimerais tourner avec…
Je n’ai pas de fantasme d’acteurs. Je les choisis pour le rôle qui leur convient. Mais j’aurais bien aimé travailler avec Marlène Dietrich ou Marilyn Monroe que j’ai d’ailleurs fait revivre dans un film publicitaire pour Dior récemment. Ou encore Grégory Peck qui avait beaucoup de classe.
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Propos recueillis par
Eric Le Braz |