Le patron du Parti de la renaissance et de la vertu (PRV), ancien du PJD et désormais membre de l’alliance du « G8 », est un homme affable, traditionnel mais qui aime se montrer ouvert et compréhensif.
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La présence du serial-fatwologue Zemzmi dans ses troupes ne le gêne pas. Pas plus que son alliance avec des « progressistes » auxquels il a réussi à imposer le référentiel islamiste dans leur programme, s’enorgueillit-il. Ses choix sont d’abord le récit de souvenirs qui ont rythmé une carrière résolument politique.
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Mon auteur
Je suis un amoureux de Shakespeare. Surtout Othello et Hamlet. J’avais aidé la troupe nationale, du temps où j’étais directeur de la formation des cadres, à produire ces deux pièces. On était le premier pays arabe à faire cette adaptation.
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Mon hobby
Le théâtre. J’ai participé à la création d’une troupe et j’étais membre du jury de théâtre amateur. J’aime le théâtre engagé, qui milite pour l’égalité entre les peuples, les valeurs humaines...
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Mon cinéma
J’étais membre du comité de censure. Je voyais en moyenne quatre films par jour, pour identifier les scènes qui touchaient à la moralité. Le souci est que nos adolescents n’ont pas été éduqués sexuellement et les distributeurs en profitent parfois. C’est pour cela que je n’aime pas vraiment les films qui traitent de la sexualité, parce qu’en général, ça a un caractère trop commercial.
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Censeur ?
J’aime l’art engagé mais je ne vais pas pour autant interdire l’expression car tout ce qui est interdit est désiré. Il faut rester prudent par rapport a tout ce qui touche l’islam et la tradition. Il faut réguler, par la signalétique selon l’âge par exemple…
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Mon islam
C’est celui des Marocains. Il n’est ni salafiste, ni soufi, ni rien de tout cela. L’islam est mal compris aujourd’hui car, à la base, il est universel. L’islam est moderne, modéré et pour la cohabitation avec l’autre. Les valeurs qu’il véhicule, c’est d’abord l’égalité et la justice sociale.
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Mon meilleur souvenir
C’est quand j’ai vu, lors d’un voyage aux Etats-Unis, un médecin américain qui portait un cartable à la fac de lettres. Il était venu se recycler. Au Maroc, ça n’existe pas. Dès que l’on termine notre carrière, on s’arrête. J’aime la formation non formelle.
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Mon pire souvenir
Ma femme a décroché son doctorat aux Etats-Unis. En revenant au Maroc, elle a appris qu’elle avait un cancer. Elle en est décédée. Nous n’avons pas pu atteindre nos objectifs. C’était une femme extraordinaire.
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Mon pays
Le Maroc, car c’est un pays de pluralisme politique, civilisationnel et religieux.
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Ma ville
Oujda, ma ville natale. Elle est connue par le football avec le club de la Mouloudia, qui avait les mêmes couleurs que le Raja, et qui a milité avant lui pour l’indépendance. C’est aussi la ville qui s’est soulevée la première, le 16 août 1953, avant la révolution du 20 août. Dans un autre registre, elle est aussi la ville de la musique gharnatie.
Propos recueillis par
Zakaria Choukrallah |