En 2007, les médias du monde entier ont couvert sa campagne. Elle était alors la seule candidate de confession juive à se présenter à une élection, une première dans l’histoire du monde arabe. Tête de liste nationale du Parti du centre social, MaguyKakon avait été recalée avec 30 000 voix, soit 3% des suffrages.

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A l’époque, le seuil d’éligibilité était à 6%. Mais en 2011, elle serait élue avec le même score puisque le seuil a été rabaissé. Alors, elle rempile à la tête de ce parti original qui a réussi à agréger quelques jeunes du 20-Février.

Ils ont été séduits par le discours de MaguyKakon, aussi limpide que ses yeux verts, sur l’équité sociale et contre « le favoritisme qui métastase la société marocaine ». Un militant du M20 se présente même sous les couleurs du PCS à Chtouka.

Femme d’affaires mariée à un architecte de renom, militante et candidate, MaguyKakon trouve aussi le temps d’écrire des livres de cuisine et de s’occuper de sa famille. Pas étonnant qu’elle ait adhéré au parti de l’abeille, car, dit-elle, « le miel est une nourriture suffisante pour faire grandir un homme ».

Mon engagement

J’ai toujours été une militante. J’avais 12  ans en quatrième au lycée Victor Hugo, en mai 68, et c’est un moment que j’ai suivi avec passion. Plus tard, je suis devenue leader en classe au lycée, puis en fac de droit pendant les années de plomb à Casablanca.

J’ai été témoin des maltraitances infligées aux jeunes à cette époque où l’on n’avait pas le droit de penser. Je m’étais alors jurée de faire de la politique dans un pays libre. Et l’avènement de M6, le vent de liberté m’ont donné cette chance d’aller au bout de mon rêve.

Ma judaïté

Je ne l’emmène ni au marché ni pour faire de la politique. C’est mon identité, mon alterité,  mais ce n`est pas elle qui gère mon quotidien. Il est important de noter que c`est  une religion de tolérance. Mais je suis d’abord citoyenne, femme et peut-être juive après.

Il m’inspire

Jeune, j’ai été une grande admiratrice du général de Gaulle. Qu’un militaire devienne un homme de paix et de rassemblement dans cette France qui a été trahie, m’a marquée.

Mon auteur

Gabriel Garcia Marquez qui écrit la vie avec une poésie extraordinaire. On peut s’envoler avec lui. Je lis et relis Cent ans de solitude. C’est très proche de nous, ces croyances, ces pratiques vaudous...

 

Si je suis élue députée...

La première loi que je voudrais proposer concerne l’éducation. Tous les projets ont échoué car tout a été fait dans l’urgence, rien n’a été pensé, rien n’a été achevé. Au Maroc, rien ne marche à part les télécoms et Internet, le tberguig, bref le téléphone arabe ! Mais le fondement de la vie d’un homme, c’est l’instruction civique.

Les Marocains veulent des droits mais oublient souvent leurs devoirs. La première mesure concrète que je voudrais voir adoptée, c’est la scolarisation obligatoire et gratuite de 5 à 15 ans. Pour tout le monde !

On doit fournir les affaires scolaires et non pas une allocation aux parents qui la detourne, il faudrait des pénalités pour les parents qui, sciemment, déscolarisent leur enfant. En refusant par exemple de leur octroyer des papiers administratifs Je reviens de Chine où ils sont un milliard et demi. Ils réussissent à scolariser 98% de leurs enfants. Mais qu’ont-ils de plus que nous ? Ils sont operationnels et acharnés !

Ma ville

Marrakech, ma ville natale. C’est un jardin au milieu du désert et un melting pot de civilisations.

Ma passion

J’ai écrit un livre de cuisine et c’est ma passion. La cuisine est un art. Partir d’un légume, le marier et sortir des essences, des odeurs, c’est absolument magnifique. La cuisine fédère. Mêmes les politiques !

Propos recueillis par Eric Le Braz