Mohamed Moujahid, secrétaire général du Parti de la gauche socialiste unifiée, conduit une formation sans grand portefeuille électoral mais exerçant une influence remarquable sur la scÚne politique.
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Aujourdâhui, il est lâun des rares politiciens qui osent encore dire non. Mais ce gauchiste, fils de fqih, nâa aucun mal Ă sâassumer tel quâil est. GynĂ©cologue de son Ă©tat et militant de nature, il nâa rien du radical que ses dĂ©tracteurs essaient parfois de dĂ©peindre, si ce nâest son obstination Ă dĂ©fendre ses convictions jusquâau bout. Des convictions qui nâont dâailleurs rien dâextrĂȘme.
Mes grands moments
Il mâest trĂšs difficile de nâen choisir quâun seul⊠Au risque de vous surprendre, lâun de mes meilleurs souvenirs a Ă©tĂ© la premiĂšre nuit que jâai passĂ©e Ă Derb Moulay Cherif. Quand la police est venue me chercher, jâavais trĂšs peur. On mâa dâabord transfĂ©rĂ© Ă Agadir, puis au centre de Moulay Cherif. Curieusement, la premiĂšre nuit aprĂšs la torture, jâai eu un sentiment trĂšs agrĂ©able de fiertĂ© et dâassurance. Car jâavais pu dĂ©fier mes tortionnaires et vaincre ma peur. CâĂ©tait inoubliable. Lâautre grand Ă©vĂ©nement de ma vie est la naissance de ma fille en 1992. Il y a aussi le jour de mon mariage en 1989.
Mon rĂȘve
Ce qui me fait courir, aujourdâhui encore, est lâobjectif de voir notre pays embrasser les valeurs universelles. Câest un rĂȘve dâenfant que je garde toujours au fond de moi. En politique, lâidĂ©al Ă mes yeux est Ă©videment dâavoir un systĂšme de monarchie parlementaire. Câest-Ă -dire un systĂšme oĂč la monarchie nâaurait que quelques pouvoirs essentiellement symboliques.
Mon modĂšle
Mon pĂšre. Je vous le dis sans rĂ©flĂ©chir. Il mâa beaucoup marquĂ©, dâautant plus que jâai quittĂ© trĂšs tĂŽt mes parents, Ă lâĂąge de onze ans, pour aller vivre avec mon grand-pĂšre. Je dirais aussi que je suis le fils dâun fqih, jâai donc grandi dans une maison trĂšs religieuse. Cela Ă©tant, mon Ă©ducation mâa permis dâavoir une approche diffĂ©rente de lâislam. DiffĂ©rente surtout de ceux qui font aujourdâhui de la religion un instrument Ă des fins politiques ou autres.
Mes principes
Ma devise dans la vie est de rester fidĂšle Ă mes convictions et de les dĂ©fendre jusquâau bout, coĂ»te que coĂ»te. Je suis toujours restĂ© fidĂšle Ă mes principes et, Ă prĂ©sent, si ma vie Ă©tait Ă refaire, je ferais les mĂȘmes choix, mais Ă quelques exceptions prĂšs. Jâaurais par exemple prĂ©fĂ©rĂ© ĂȘtre plus relativiste Ă une certaine Ă©poque. Durant les annĂ©es de facultĂ©, nous Ă©tions un peu trop intransigeants, voire dogmatiques. Maintenant, avec le recul, je pense que câĂ©tait une erreur.
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Mes auteurs
Mes lectures sont plutĂŽt littĂ©raires. Jâaime beaucoup les auteurs de la pĂ©riode de la Renaissance arabe. Actuellement Hanna Mina est lâun des mes Ă©crivains prĂ©fĂ©rĂ©s. Abderrahmane Mounif est aussi lâun de me prĂ©fĂ©rĂ©s. Jâaime particuliĂšrement son Ćuvre Lâarbre et le meurtre de Marzouk.
La loi que je changerais
Si jâen avais le pouvoir, jâaurais changĂ© toute une armada de lois qui ne nous conviennent plus. La premiĂšre que jâabolirais serait la peine de mort. Je pense que le droit Ă la vie est sacrĂ©, il faut mettre un terme Ă la peine capitale le plus vite possible.
Propos recueillis par
Ali Hassan Eddehbi |