Mohamed Moujahid, secrétaire général du Parti de la gauche socialiste unifiée, conduit une formation sans grand portefeuille électoral mais exerçant une influence remarquable sur la scène politique.
***
Aujourd’hui, il est l’un des rares politiciens qui osent encore dire non. Mais ce gauchiste, fils de fqih, n’a aucun mal à s’assumer tel qu’il est. Gynécologue de son état et militant de nature, il n’a rien du radical que ses détracteurs essaient parfois de dépeindre, si ce n’est son obstination à défendre ses convictions jusqu‘au bout. Des convictions qui n’ont d’ailleurs rien d’extrême.
Mes grands moments
Il m’est très difficile de n’en choisir qu’un seul… Au risque de vous surprendre, l’un de mes meilleurs souvenirs a été la première nuit que j’ai passée à Derb Moulay Cherif. Quand la police est venue me chercher, j’avais très peur. On m’a d’abord transféré à Agadir, puis au centre de Moulay Cherif. Curieusement, la première nuit après la torture, j’ai eu un sentiment très agréable de fierté et d’assurance. Car j’avais pu défier mes tortionnaires et vaincre ma peur. C’était inoubliable. L’autre grand événement de ma vie est la naissance de ma fille en 1992. Il y a aussi le jour de mon mariage en 1989.
Mon rêve
Ce qui me fait courir, aujourd’hui encore, est l’objectif de voir notre pays embrasser les valeurs universelles. C’est un rêve d’enfant que je garde toujours au fond de moi. En politique, l’idéal à mes yeux est évidement d’avoir un système de monarchie parlementaire. C’est-à-dire un système où la monarchie n’aurait que quelques pouvoirs essentiellement symboliques.
Mon modèle
Mon père. Je vous le dis sans réfléchir. Il m’a beaucoup marqué, d’autant plus que j’ai quitté très tôt mes parents, à l’âge de onze ans, pour aller vivre avec mon grand-père. Je dirais aussi que je suis le fils d’un fqih, j’ai donc grandi dans une maison très religieuse. Cela étant, mon éducation m’a permis d’avoir une approche différente de l’islam. Différente surtout de ceux qui font aujourd’hui de la religion un instrument à des fins politiques ou autres.
Mes principes
Ma devise dans la vie est de rester fidèle à mes convictions et de les défendre jusqu’au bout, coûte que coûte. Je suis toujours resté fidèle à mes principes et, à présent, si ma vie était à refaire, je ferais les mêmes choix, mais à quelques exceptions près. J’aurais par exemple préféré être plus relativiste à une certaine époque. Durant les années de faculté, nous étions un peu trop intransigeants, voire dogmatiques. Maintenant, avec le recul, je pense que c’était une erreur.
Mes auteurs
Mes lectures sont plutôt littéraires. J’aime beaucoup les auteurs de la période de la Renaissance arabe. Actuellement Hanna Mina est l’un des mes écrivains préférés. Abderrahmane Mounif est aussi l’un de me préférés. J’aime particulièrement son œuvre L’arbre et le meurtre de Marzouk.
La loi que je changerais
Si j’en avais le pouvoir, j’aurais changé toute une armada de lois qui ne nous conviennent plus. La première que j’abolirais serait la peine de mort. Je pense que le droit à la vie est sacré, il faut mettre un terme à la peine capitale le plus vite possible.
Propos recueillis par
Ali Hassan Eddehbi |