Syndicaliste, altermondialiste et politique, Ali Lotfi est secrétaire général de l’Organisation démocratique du travail, chef de file des altermondialistes du cru, et numéro deux du Parti socialiste. Mais sa passion, c’est de se rendre constamment au chevet des diplômés chômeurs qu’il bichonne comme s’ils étaient ses enfants.
***
Mon idole
Luiz Inacio Lula da Silva.
J’admire cet homme qui a fait preuve d’un courage politique remarquable pour s’attaquer à la crise économique au Brésil. En effet, cet ancien syndicaliste, qui n’a pas hésité, dès son élection à la présidence du Brésil, à dénoncer la course aux armements et les dépenses inutiles de certains pays industrialisés, a fait de la lutte contre la pauvreté la priorité principale de son gouvernement.
Lula, syndicaliste radical, proche du Mouvement des sans-terre (MST), a surpris tout le monde par ses capacités de conciliation et de négociation. Dès le premier jour, il a préféré positiver, invitant ses compatriotes à « travailler pour construire ».
Ce qui place Lula à la tête de la quatrième démocratie du monde. Ce tournant dans l’histoire de l’Amérique Latine mérite le respect et prouve qu’un autre socialisme est possible.
Â
Si vous étiez ministre de l’Emploi
La première chose que je ferais, c’est de jeter à la poubelle les recommandations de la Banque mondiale et du FMI. Ensuite il faudra solder le dossier des diplômés chômeurs car il est scandaleux que, dans un pays émergent, des diplômés soient systématiquement jetés à la rue.
Bien sûr, cela nécessite la mise en place d’une politique active de l’emploi, un programme destiné aux diplômés du supérieur, qui permettrait de prendre en charge les milliers de jeunes en situation de préemploi.
On pourrait même imaginer des programmes d’utilité publique, centrés sur les régions défavorisées afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires. Ces programmes d’emploi pourraient être financés en partie par le biais des bénéfices énormes des entreprises publiques dont on ne sait pas trop à quoi ils servent.
Ce qui vous choque le plus
Les conditions de vie des retraités qui ont travaillé toute leur vie pour des salaires de misère. Des gens, vos parents, les miens, qui ont donné leurs plus belles années à ce pays et qui n’arrivent plus à vivre.
A l’augmentation des dépenses contraintes s’ajoutent celles des complémentaires santé, les problèmes de logement et des pensions incomplètes particulièrement pour les femmes, qu’elles soient retraitées ou veuves de retraité. Il faudrait réfléchir à de nouvelles modalités d’indexation des pensions, basées sur l’évolution des prix mais également sur celle des salaires.
Â
Le 20-FĂ©vrier
Si les résultats politiques du mouvement conduit par le 20-Février ne sont pas encore significatifs, en mobilisant la jeunesse, il est pour beaucoup dans la conscience de classe chez les Marocains.
Ce mouvement peut modifier radicalement la donne puisqu’il crée déjà des espoirs enthousiastes parmi toutes les forces populaires. Il y a aujourd’hui beaucoup de citoyens qui regardent avec un espoir infini les prémices d’un Maroc nouveau, et ce mouvement ne peut pas se permettre de décevoir des millions de personnes.
Â
Propos recueillis par Abdellatif El Azizi |