Glabre au pays des barbus, mariĂ© Ă une Française, francophone et pas francophobe, courtois et disponible pour les journalistes... Lahcen Daoudi, câest lâislamisme Ă visage humain. Mais on sent toujours une rigueur et un corpus idĂ©ologique en bĂ©ton chez ce tĂ©nor du PJD qui adore jouer au bĂ»cheron.
Redouble bretteur Ă lâassemblĂ©e, il est aussi lâun des plus assidus au Parlementâ: il nâarrive jamais en retard aux sĂ©ances⊠et il Ă©tait Ă lâheure Ă notre rendez-vous car il est le seul Ă©lu Ă se dĂ©placer en tramwayâ!
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Mon idole de jeunesse
Nasser, câĂ©tait un modĂšle dans les annĂ©es 60. Nous Ă©tions panarabistes. Au lycĂ©e, les profs mâappelaient Daoudi le Panarabiste. On est toujours le produit du milieu familial et dâune conjoncture dĂ©terminĂ©e. Et on Ă©volue avec lâĂąge...
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Mon mentor
Osiris Cecconi Ă©tait mon professeur dâĂ©pistĂ©mologie Ă lâuniversitĂ© de Lyon. Je lui dois 80% de mon esprit critique. Il a aussi influencĂ© ma trajectoireâ: jâaurais pu me diriger vers les techniques bancairesâ! Câest grĂące Ă lui que je me suis inscrit en troisiĂšme cycle en analyse des systĂšmes productifs. Il Ă©tait de gauche mais avait aussi un esprit critique vis-Ă -vis du marxisme. Entre le marxisme et le libĂ©ralisme, jâai trouvĂ© un moyen de me frayer un chemin.
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Ma premiĂšre langue
SincĂšrement, je parle plus le français que lâarabe. MĂȘme en primaire, on avait des profs français. Le pĂšre du footballeur Emmanuel Petit Ă©tait mon prof de maths. Au primaire, on nous amenait des fqihs de la mosquĂ©e et, au niveau pĂ©dagogique, il nây avait que le bĂąton.
Alors, on se voyait plutĂŽt dans le modĂšle du prof français... et aujourdâhui, je souffre dâun manque en arabe. Je nâaimais pas apprendre par cĆur. Quand on mâexplique, jâĂ©coute et je comprends. Mais jâavais beaucoup de difficultĂ©s Ă apprendre le Coran par cĆur...
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Ma sourate
«âPuis lorsque la terre prend sa parure et sâembellit, et que ses habitants pensent quâelle est Ă leur entiĂšre disposition, Notre Ordre lui vient, de nuit ou de jour.â» Câest le cas du Japon. On croyait maĂźtriser les risques sismiques et les tsunamis. CâĂ©tait un modĂšle. Du jour au lendemain, on ne maĂźtrise plus rien. La mĂȘme chose dans le monde arabe. Un tsunami politique. Ben Ali maĂźtrise la situation, Moubarak aussi, Kadhafi est inamovible. Et du jour au lendemain, on les renverse... Rien nâest acquis, tout est relatif.
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Le livre de ma vie (Ă part le Coran)
Jâai lu deux ou trois fois les mĂ©moires de de Gaulle. Câest le combat dâun homme qui a pu sortir la tĂȘte de lâeau et sâimposer localement et internationalement. Et comment il a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© en 68â! La vie est ainsi faite. Il faut accepter le sort qui vous est rĂ©servĂ©, et ne jamais regretter.
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Mon opposant préféré
CâĂ©tait Driss Lachgar quand il Ă©tait dĂ©putĂ©. CâĂ©tait un gros calibreâ! Maintenant, câest le PAM en tant que structure...
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Mon sport
Quand jâallais chez mes beaux-parents en ArdĂšche, jâaimais beaucoup fendre le bois avec une masse. Câest du vrai sportâ! AprĂšs, jâĂ©tais en forme pour lâhiver. Je me souviens quâil y avait des nĆuds dans les troncs qui ne cassaient jamais. Il fallait trouver des combinaisons sur les coins. Câest comme en politique, il ne faut pas attaquer frontalement le centre dâun problĂšme, mais passer par les coins...
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Si jâĂ©tais ministre des Finances...
Ma premiĂšre mesure serait dâimposer des petites voitures pour tous les ministres. Il faut commencer par des messages forts.
Propos recueillis par Eric Le Braz |