On l’appelle Stati à cause d’un sixième doigt à la main droite. Né en 1961 à El Jadida, Abdelaziz Al Arbaoui est berger dans son enfance mais il manifeste très tôt un penchant pour la musique.
Puis il découvre le violon et devient un spécialiste de la kamanja. En 1985, il crée une formation de chaâbi avec Mils Mustapha et Al Houcine Ben Al Wafa. Véritable chantre de la fête et de la joie dans les campagnes, Stati sait rassembler.
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Chez les ruraux comme chez les bourgeois, Stati est invité à chanter au cours des cérémonies familiales. Il interprète de nombreuses chansons liées à la « ghorba » (l’exil, en référence aux Marocains qui résident à l’étranger).
Ce qui a fait connaître Stati en Europe où il se produit régulièrement. En 2009, à l’issue de son concert au festival Mawazine, onze personnes trouvent la mort dans une bousculade. Un souvenir traumatisant que le maestro évite d’évoquer. Mais il y a bien d’autres moments qu’il tient à partager...
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Le public marocain
C’est un public très loyal, il croit en moi, qu’il s’agisse des Marocains d’ici ou d’ailleurs, dans le monde entier. Je dirais d’ailleurs que c’est la même relation avec le public arabe en général.
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Mon concert le plus important
J’ai donné beaucoup de concerts super, mais le seul que je garderai vraiment en tête est celui qui a été organisé en hommage aux victimes de l’attentat de Marrakech avec Mawazine. C’était très émouvant.
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Mon prochain duo
Je cherche encore, je prospecte. Je n’ai pas d’artiste en particulier en tête mais il faudrait qu’on fasse le poids l’un et l’autre .
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Mon coup de gueule
Les gens qui n’ont pas de parole et qui ne sont pas sérieux. Ceux qui jurent et qui ne tiennent pas leur promesse.
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Mon coup de cœur
Les gens qui sont loyaux envers leurs parents d’abord et respectueux des gens autour : leurs voisins, leurs amis, tout. Et ceux qui sont sérieux dans leur travail.
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Mon plus mauvais souvenir Lorsque, dans les années 1990, j’ai été accusé injustement de tremper dans des histoires de drogue à Marrakech. J’ai été très affecté par cette affaire.
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Ma rencontre artistique
Ma rencontre avec Hoba Hoba Spirit a été très fuctueuse. Nous avons réalisé un clip ensemble (ndlr : wakel, chareb, na3ess, réalisé par Hicham Lasri) et ça a été un succès.
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Le printemps arabe
Je ne suis pas spécialiste en politique, je ne pourrais pas analyser à mon niveau, je crois que c’est un problème trop complexe. Je ne crois pas à un changement tout de suite, il faut des générations avant que les choses changent vraiment et qu’on sente les résultats de toutes ces manifestations. Tout cela ne devait pas arriver comme ça : trop de violence, trop de sang, trop de tueries. On pouvait faire les choses autrement.
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Mon dernier festival
A Oujda. La scène me plaît, l’organisation est super, j’aime bien comment c’est monté et la manière dont on est accueilli. Et j’espère y revenir les prochaines années.
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Propos recueillis par Zineb Bennouna |