Chico (de son vrai nom Jahloul Bouchikhi, Français d’origine Oujdi) a l’esprit joyeux des Gypsies mais Chico est aussi un écorché vif. Il a essuyé des coups durs dont la terrible tragédie qui a frappé sa famille.
Son frère, confondu avec l’auteur des attentats de Munich, a été abattu par les agents du Mossad à Oslo en 1973. Depuis, Chico chante pour la tolérance. Grand humaniste, il donne beaucoup de lui-même dans sa musique.
Dans les années 70, il forme Chico et les Gipsy Kings, un groupe qui finira par se séparer en 1991. Croyant toujours à son destin, il forme Chico et les Gypsies un peu plus tard. Après sa rencontre avec Shimon Perez et Yasser Arafat en 1994 à Oslo, il est nommé ambassadeur de la paix de l’Unesco en 1996 pour, dit-il, « promouvoir la paix et la tolérance dans le monde avec un bâton de pèlerin en forme de guitare ».
C’est avec beaucoup d’émotion qu’il a retrouvé le public marocain à l’occasion du Festival du raï d’Oujda, dont il a été le directeur cette année.
MON MAROC
Pour moi, le Maroc c’est d’abord mes racines, c’est ma famille, c’est tous ceux que j’aime. Je suis très fier d’être le directeur du festival. C’est la deuxième fois qu’on va jouer ici et je sais que les gens adorent notre musique car il y a une vraie communion. Il y a des sentiments très forts qui passent et me rendent heureux.
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MON CONCERT LE PLUS IMPORTANT
Pour moi, le concert le plus important est celui que j’ai donné au Festival du raï d’Oujda. J’ai la chance de jouer dans le monde entier et quelque part, ici ce sont mes racines, je partage un moment de bonheur avec tout ce pourquoi j’existe. Si le Maroc n’existait pas, moi je n’existerais pas. C’est ma façon de dire merci aux Marocains.
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MA PLUS BELLE RENCONTRE ARTISTIQUE
Des rencontres, j’en ai fait beaucoup, des gens très importants et toutes ces personnes ont été les maillons d’une chaîne qui est mon destin. Je pourrais citer quand même Charlie Chaplin pour qui j’ai joué en Suisse dans les années 70.
C’était vraiment une rencontre importante parce qu’il s’est mis à pleurer quand on a joué pour lui, des larmes ont coulé de ce grand bonhomme qui faisait rire la terre entière. Et c’est très symbolique, c’était un signe pour notre musique. Il y a eu les rencontres de Shimon Peres et Arafat, le Dalaï Lama et Brigitte Bardot, entre autres.
CHARLES AZNAVOUR
En ce moment, je prépare un album où je reprends quelques-unes de ses chansons. Cette collaboration est extraordinaire. Il a bercé toute notre vie et des générations, c’est un monument. Et le fait qu’il ait eu cette envie d’être à mes côtés pour ce  projet, je trouve ça extraordinaire.
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GIPSY KINGS VS GYPSIES
Les Gipsy Kings, c’est un groupe que j’ai créé dans les années 70 et qui s’appelait au début Los Reyes (Les Rois en espagnol) et pendant des années, on a fait de belles choses, de belles rencontres. Dans les années 80, j’ai changé le nom parce qu’il fallait un nom plus passe-partout. Quand on disait aux gens Los Reyes, ils nous demandaient « du Paraguay ? de l’Espagne ? ».
« Gipsy » parce que la plupart étaient gitans et « Kings », c’est Reyes en anglais, ça a donné les Gipsy Kings. En 1991, on s’est séparés et j’ai remonté un groupe qui s’appelle Chico et les Gypsies, pour le vivier de talents qui existait déjà et les musiciens qui sont restés.
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COUP DE GUEULE
La méchanceté gratuite, les petites choses « mauvaises » de la vie.
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COUP DE CĹ’UR
Le bonheur de faire cette musique. Souvent, on nous arrête dans la rue pour nous dire : « Merci pour le bonheur que vous nous donnez. »
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MA PHILOSOPHIE
Ne pas crier pour se faire entendre mais murmurer pour se faire comprendre. Je crois que ça réussit très souvent.
Propos recueillis par
Zineb Bennouna |