Elle est jazz, elle est soul, elle est swing, elle est blues, elle a été bercée par le raï, le chaâbi et les mélopées berbères. Sa voix d’or sait capter toutes les musiques du monde. Et quand elle revient au pays de son enfance, Hindi Zahra enchante les foules.
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Son concert au théâtre Mohammed V de Rabat a été, de l’avis de nombreux festivaliers, l’un des plus beaux moments de Mawazine. Juste après son apparition au concert des Voix de la Paix à Marrakech, qui a clôturé les dix jours du festival, Hindi Zahra dit regretter de ne pas être restée plus longtemps sur scène.
Le public, subjugué par sa voix, est bien d’accord. Cette voix est unique et on s’étonne presque de la voir fumer juste après le concert. « Marianne Faithfull m’a précédée. Eva Cesaria fume son cigare sur scène... » Tiens, déjà des références de voix féminines… Et les autres ?
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Mes musiques
La musique, c’est mon moteur. J’ai toujours aimé faire les choses par moi-même et en tant qu’autodidacte, j’ai trouvé des références, des exemples. J’ai été marquée par les voix féminines, les voix orientales, Oum Kaltoum, Amalia Rodriguez, la Callas, Yma Sumac, Edith Piaf, Billie Holiday, Ella Fitzgerald. Durant l’après-guerre, il y avait beaucoup d’hommes crooners. Mais les femmes étaient plus écorchées dans leur expression et beaucoup plus intimes.
Rares ont été les voix masculines comme celles de James Brown ou d’Otis Redding : tu les comptes sur les doigts de la main. Mais c’est l’énergie de Janis Joplin ou d’Aretha Franklin qui m’a interpellée.
Mes chansons
De nombreuse chansons ont transformé ma vie et m’ont fait grandir : I’m a fool to want you de Billie Holiday, The man I love de Gershwin…
Mawazine
C’était vraiment incroyable. A chaque fois que je suis venue au Maroc, j’ai beaucoup reçu du public… j’aime être très proche des gens. Et là particulièrement au théâtre Mohammed V, je captais toute l’énergie pour la retransmettre au public. Ce fut vraiment magnifique. On ne peut pas retenir les énergies quand on en reçoit autant.
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Ma ville au Maroc
Essaouira pour le vent. Ça nettoie la tête. Ça rend fou aussi ? Si c’est une bonne folie, pourquoi pas ?
Ma ville ailleurs
Bruxelles. C’est un village-ville. J’ai des amis là -bas, je m’y sens bien, l’art y est vivant et non élitiste. Il y a une vraie simplicité de vivre à Bruxelles.
Mon amazighité
C’est le peuple originel, le peuple africain. Il est porteur d’énormément de symboles et d’une certaine philosophie de vie. Je suis très fière d’appartenir à cette culture.
Mes plus belles rencontres musicales
Abdoulaye Traoré, un Burkinabé, avec qui je travaille à Paris, que j’ai invité à l’Olympia ; Lucie Loison, qui fait les chœurs, que j’ai rencontrée il y a une dizaine d’années, avec qui je fais un travail de voix ; et Arno, un Bruxellois bien sûr !
J’aimerais travailler avec eux…
Tinariwen : ce groupe de touaregs a déjà travaillé avec Robert Plant. Ils chantent la liberté des nomades, ils chantent leur combat pour pouvoir voyager malgré les frontières en Afrique...
Propos recueillis par Eric Le Braz
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