Cette année, le Maroc a été à l’honneur au festival World Nomad du French Institute Alliance Française (FIAF) de New York. Qui d’autre que Zeyba Rahman, « diplomate culturelle » et grande amie du Maroc, pouvait réaliser la programmation du festival ?
Aux côtés de Lili Chopra, directrice artistique du FIAF, et d’artistes et intellectuels marocains, elle a imaginé l’événement comme un voyage au cœur des richesses culturelles du Royaume.
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Entre tradition et modernité, elle a sélectionné des œuvres qui saisissent l’esprit du Maroc d’aujourd’hui. Présidente du World Music Institute pendant vingt ans, défenseuse des valeurs de tolérance et de paix, Zeyba Rahman fut également l’ambassadrice américaine du Festival de Fès, entre 1997 et 2007, avec lequel elle collabore de nouveau cette année. Dans le mythique hôtel Algonquin, Zeyba nous raconte son parcours et nous livre ses valeurs.
Mon enfance
Mon père est originaire d’Inde du Nord et ma mère d’Afghanistan. Mes parents étaient professeurs d’université et nous avons vécu en Angleterre, en Inde et à New York. Les deux sont artistes dans l’âme. En ce sens, je suis un pur produit de mes parents (rires).
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Mon lien avec le Maroc
Mon oncle Ikbal Ali Shah est un écrivain, diplomate et penseur soufi qui a longtemps œuvré pour rapprocher les cultures de l’Ouest et celles de l’Est. Très attaché au Maroc, il y a passé les dix dernières années de sa vie.
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Mes objectifs
Utiliser la culture comme médium pour inverser les stéréotypes négatifs ; il s’agit de diplomatie culturelle. Et le 11-Septembre m’a inspiré une responsabilité nouvelle. En tant qu’Américaine, je me devais d’expliquer la culture musulmane et surtout démontrer que les extrémistes ne font pas partie de ma culture.
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Mon moteur
Je pense que certaines émotions positives peuvent changer notre perception de l’autre.
Lors du concert de musique andalouse avec Françoise Atlan, les New-Yorkais ont été saisis de voir les juifs et les musulmans chanter les mêmes chansons traditionnelles. Ils ont été touchés, il y a eu une ouverture et la transformation est devenue possible.
A ce moment-là , l’idée de tolérance s’est inscrite à un niveau cellulaire. Ma conviction est que l’art, à travers sa vibration émotionnelle, peut toucher les cœurs là où les discours n’y parviennent pas.
Mes guides
Ma mère, intellectuelle, artiste et féministe. Sheila Dhar, une femme aux talents multiples, une âme brillante. Et Kay Charnush : en tant que photographe engagée, elle agit selon ses valeurs.
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Mes héros
Gandhi ! Mon père l’avait rencontré et m’a transmis sa fascination pour le personnage. Le mahatma a intégré des éléments de cultures différentes pour établir sa philosophie.
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Mon sanctuaire
New York est ma ville, ma maison. Le mélange est tel que ça me ressource !
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Mes valeurs
La tolérance et la compassion. Ne pas juger l’autre, chercher plutôt à l’accepter et le connaître. Et organiser des moments d’échanges.
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Mes souhaits
Travailler davantage avec les jeunes et leur montrer à quel point l’avenir leur appartient ! (sourire)
Propos recueillis Ă New York par Salima Yacoubi Soussane |