Star du 20h de TF1, Patrick Poivre d’Arvor a accompagné les téléspectateurs pendant près de trente ans. Suite à son éviction, aussi précipitée qu’inattendue, le journaliste, écrivain et grand aventurier retrouve « le chemin de sa liberté ». Particulièrement créatif, il s’essaie avec succès à la mise en scène d’un opéra et, plus récemment, à la réalisation d’un film. Bachelier à 15 ans, surdiplômé, il entame une riche carrière journalistique. Il publie de nombreux ouvrages dont L’Irrésolu qui lui vaudra le prix Interrallié. De passage à Casablanca, il nous livre, en toute simplicité, un éclairage sur son parcours.
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Mon grand reporter
Joseph Kessel. Arrivé à Paris à 17 ans, je lui écris et il me répond ! J’ai conservé précieusement la lettre qu’il m’a envoyée.
Mes héros
Le petit prince ! Entre 7 et 8 ans, j’étais fasciné par tous les héros de Saint-Exupéry. Et puis j’ai aimé tous ces héros simples, comme ceux de Steinbeck dans Des souris et des hommes. Ces êtres purs, parfois limités intellectuellement, semble-t-il. Ils furent mes premiers amis et parfois même mes premières amours.
Cela m’a rendu très heureux : comme moi, certains avaient connu des obstacles, des difficultés. D’autres ne parlaient pas beaucoup. C’est toujours rassurant de se sentir solidaire de ses héros.
Mon univers de jeunesse
Jeune, j’étais assez sauvage. Je ne parlais à personne, j’étais heureux dans mon monde. Un monde onirique. Dans ma famille, j’avais une sœur très extravertie et heureuse. Les amis des mes parents disaient qu’elle était belle. Et on ne disait rien de moi (rires).
Ma ville de coeur
J’ai eu envie d’aller à Paris avec à l’esprit le « A nous deux Paris ! » de Rastignac. Mais je n’aime pas vraiment les villes. Si je devais choisir, j’opterais pour Essaouira au Maroc. Ou encore le cap Ferret ou le sud de la Corse. J’ai un faible pour ces lieux à dimension humaine.
Mon moment préféré
Souvent, c’est quand le soleil se couche que je retrouve de la vigueur. La nuit, je suis dans mon élément. Je me retrouve aussi dans l’écriture, la mer ou le désert. Au fond, j’aime la solitude…
Mon moteur
J’ai besoin d’effervescence aussi bien dans ma vie professionnelle que personnelle, j’ai besoin de nouveauté, de découverte, de passion. Il m’est nécessaire de faire des choses inhabituelles. Dans la routine, je ne suis pas le roi.
Mes valeurs
Tenir bon et se tenir bien.1
Mon dernier enchantement
Le Luisa Miller de Verdi à l’opéra Bastille. Un moment précieux, de pure sérénité.
L’écriture
J’écris dès que je le peux. La nuit dernière par exemple, j’ai suivi le fil d’une idée un peu spéciale ; j’ai fini par ne dormir que deux heures. J’écris à la main : je ne suis pas vraiment branché Internet. A l’idée d’être faussement relié au monde, je préfère les liens véritables.
Mes grandes aventures
J’ai fait le tour du monde. Pour moi, c’est très symbolique. Il s’agit de faire le tour de soi-même, le tour de la question. C’est aussi aller au bout d’un désir, d’un rêve. Il faut l’avoir fait dans sa vie ! Et puis il y eut l’ascension du mont Blanc et la traversée de l’Atlantique de Québec à Saint-Malo.
Mes projets
Je cherche à être surpris, être face à l’inattendu. L’année dernière, j’ai mis en scène l’opéra Carmen de Georges Bizet. Aujourd’hui, je réalise le film J’ai tant rêvé de toi, d’après le roman coécrit avec mon frère Oliver. Tout le monde me dit « C’est irréalisable ! »… Alors réalisons-le !
Propos recueillis par Salima Yacoubi Soussane
1- Tenir et se tenir, de PPDA Ed. Presses de la Renaissance |