Il sait marier avec talent et sensibilité les mots et la musique. Pourtant, rien ne le destinait à jongler avec le français, au point de devenir un slameur à succès, et en un temps record.
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Fabien, l’enfant de la banlieue parisienne, se voyait basketteur – il a le physique pour réussir – mais un grave accident stoppe net son désir à 20 ans. Quelques années plus tard, il se lance dans le slam, un soir, dans un bar. Sa rencontre avec son producteur, Jean-Rachid, est le déclic : trois ans plus tard, il sort son premier album, aussitôt couronné de succès. Aujourd’hui en tournée pour Troisième temps, sorti à l’automne, Grand Corps Malade sera en concert le 13 avril au Mégarama de Casa dans le cadre du festival Jazzablanca.
Mon public
Tous âges, toutes origines, tous milieux : il y a des enfants, des jeunes, des parents, des retraités, des gens de toutes catégories sociales. Les thèmes que j’évoque sont universels, ils ont un écho pour un très grand nombre de personnes.
Ma destination
Je passe souvent les vacances d’été en Corse, avec des amis. C’est une île superbe, avec des paysages extraordinaires. J’apprécie son calme, cette nature vierge, c’est un endroit que j’aime vraiment.
Mon artiste préféré
Georges Brassens est sûrement l’artiste que je préfère : pour ses textes qui peuvent être entendus par tous, mais compris différemment à chaque âge. C’est clairement un poète, avec une écriture très originale, des structures de textes qui en font un artiste pas comme les autres. Quand j’étais enfant, mes parents écoutaient souvent Brassens, mais aussi Barbara.
L’artiste avec qui j’ai aimé travailler
Charles Aznavour, avec qui je partage un morceau sur mon dernier album. C’est pour moi l’un des plus grands artistes contemporains qui a su travailler et évoluer avec son époque. Une longévité et un talent pareils, c’est assez rare pour être salué.
Mon film
J’ai beaucoup aimé Un prophète, de Jacques Audiard, avec Tahar Rahim. Je trouve que l’univers carcéral est filmé avec une grande justesse. Le film m’a touché tout particulièrement car je connais la prison pour y donner des cours de slam auprès des détenus. Il y a quelques années, j’ai aussi aimé La vie est belle de Roberto Benigni. En dépit des polémiques qu’il a suscitées, je trouve que c’est un très beau film.
Ma langue préférée
Mon slam est en français car c’est ma langue maternelle, celle avec laquelle j’ai grandi. Mon français est une langue enrichie des apports de la banlieue, des mots qui viennent de l’arabe, des langues de toutes les communautés qui vivent là , du verlan aussi. Cette année, j’ai été parrain de la Semaine de la langue française, et c’est important à mes yeux. Jusqu’à maintenant j’ai slamé uniquement en français. Peut-être que cela changera un jour, mais pour l’instant, ce n’est pas dans mes projets.
Ma banlieue
Je viens de Saint-Denis, au nord de Paris. C’est là que j’ai grandi et je reste très attaché à cette ville. Pour moi, la banlieue est le symbole d’une France enrichie par l’immigration, la diversité. Une diversité qui n’est en rien un inconvénient, mais plutôt une grande force.
Propos recueillis par Cyril Bonnel, Ă Paris |