Nommé par dahir président du groupe de travail « Cultures, éducations et identités », dans le cadre du bureau du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l'étranger), Younes Ajarraï prend à cœur sa fonction.Enseignant et sociologue, il est arrivé en France au début des années quatre-vingt et s’y est installé.
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Il milite pour l’harmonie dans la diversité culturelle. Il était le bras droit de Driss El Yazami, récemment nommé président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH).
Le Marocain à l’étranger qui m’a marqué
Il y en a beaucoup, mais Driss El Yazami m’a particulièrement marqué. J’ai pu travailler avec lui sur la question des migrations qui me passionne. J’ai découvert un homme qui a porté cette thématique au cœur de ses préoccupations, en faisant un cheval de bataille. Il a réhabilité la valeur de l’histoire des immigrés dans l’Histoire de France par des archives, une mémoire, une méthode scientifique. Il a vite compris que l’identité culturelle est fondamentale dans le processus d’établissement durable de ces populations dans les lieux de résidence, et un levier pour garder des liens avec le pays d’origine
Ma philosophie
Le don. J’ai quitté le Maroc à l’âge de vingt ans et me retrouver dans un autre pays a été un déclic. Je me suis engagé totalement, conscient de l’importance d’être au service de cette population immigrée qui avait besoin que l’on soit à ses côtés et que l’on prenne sa défense. Par ailleurs, quand on arrive dans un pays étranger, il est nécessaire d’être à son écoute aussi. Don et diversité culturelle sont les maîtres mots de ma philosophie
Mon livre
Kafka sur le rivage de Murakami. Un auteur japonais contemporain qui a eu une vie particulière et qui a beaucoup voyagé. Son écriture est énigmatique du début à la fin. Sur 800 pages, il vous prend par la main et vous emmène en terrain inconnu. Vous ne savez jamais où vous allez arriver. Quand je suis arrivé aux cinquante dernières pages du livre, je me suis arrêté trois semaines et j’ai essayé d’imaginer le dénouement, de mille et une façons. Mais j’ai été surpris.
Mon personnage
J’ai découvert une auteure marocaine, Fatema Ayoubi, et j’ai été fasciné et épaté par son parcours. Enfant, elle n’a fréquenté l’école que pendant trois ans, avant d’intégrer une formation en broderie et couture. Plus tard, elle est partie en France rejoindre son mari et y a travaillé en tant que femme de ménage. Un accident a changé sa vie. Elle a pris des cours d’alphabétisation, puis s’est mise à l’écriture. Aujourd’hui, elle poursuit ses études à la Sorbonne.
Ma musique
J’écoute de tout, mais j’ai une prédilection pour les seventies. La scène marocaine actuelle suscite aussi mon intérêt, comme Hoba Hoba Spirit ou les autres groupes qui font du rap ou du hip hop. J’ai écouté Hindi Zahra à Paris et je l’ai trouvée magnifique.
Mon regret
Ne pas avoir appris à parler amazigh comme mon père et ne pas avoir pu l’enseigner à mon fils.
Mon peintre
Il y a véritablement une expression plastique exceptionnelle dans notre pays. Les jeunes ont beaucoup de talent. Je découvre l’art de la rue de jeunes alternatifs. Cependant si je dois faire un choix, j’opterais pour des pionniers comme Kacimi, Gharbaoui, André Elbaz ou Farid Belkahia.
Bahaa Trabelsi |