Journaliste et écrivain, l’ex-président du directoire du Monde était à Casablanca pour la promotion de son livre Questions à mon père. Une œuvre touchante où il livre son père, juif marocain de Fès, au jeu de questions-réponses. Un père biologique connu sur le tard, et qu’il apprend encore à connaître.
Mon auteur
Patrick Modiano, c’est un écrivain pour qui la quête identitaire est vraiment cruciale.
Mon film
Amarcord de Federico Fellini. Il y traite de la démesure de l’existence : toutes les choses que l’on vit, la banalité, les médiocrités, le tout avec génie et un magnifique grain de folie.
Mon personnage de roman
Samba Diallo, le héros de Cheikh Hamidou Kane dans L’aventure ambiguë. L’auteur le décrit comme un jeune homme très brillant à l’école coranique et dont la famille envisage également de l’inscrire à « l’école du Blanc », car sa tante se demandait si ce qu’il allait apprendre valait ce qu’il allait oublier. Il est envoyé faire ses études en France où il découvrira la philosophie des Lumières. Et en rentrant, il est confronté à un ancien vétéran de guerre nourrissant une philosophie violente et bornée. Le livre tourne autour de ce combat entre deux êtres que tout oppose…
Mon coup de gueule
La chasse aux Roms, l’été dernier en France. ça m’a profondément meurtri d’appartenir à un pays où les dirigeants sèment la haine des autres ; j’avais d’ailleurs écrit quelque chose à ce sujet. On a fait de ces personnes des boucs émissaires. On s’est attaqué aux plus faibles pour éviter de se regarder soi-même.
Mon coup de cœur
Un matin, ici, au Salon du livre, une petite fille de 11 ans est venue me voir, elle a voulu acheter un livre que j’avais écrit, et elle m’a demandé si c’était un livre trop compliqué pour elle. Je lui ai répondu que non, mais que ça risquait de la faire pleurer. Et là , elle m’a dit que ce n’était pas grave parce qu’elle avait quand même envie de le lire. C’était la première fois que je dédicaçais une de mes œuvres à une petite fille. Elle était à la recherche d’émotions et la perspective de pleurer ne l’a pas du tout rebutée.
Ma ville
La Rochelle, en France. C’est à côté de la mer. Pour moi il n’y a jamais de ville sans eau. à la Rochelle, c’est l’Atlantique qui va et qui vient, le même espace qui change toute la journée au rythme des saisons. C’est aussi une ville historique qui a vu le massacre de milliers de protestants.
Ma citation
Une phrase de Georges Bernanos : « Les ratés ne vous rateront pas. »
Mon meilleur souvenir au « Monde »
Le jour où l’on m’a dit : « Il faut que tu partes en Éthiopie dans une heure », et je suis parti. C’était dur, j’avais 25 ans et c’était mon premier grand reportage. C’était formidable car j’éprouvais à la fois un sentiment de liberté mais aussi de responsabilité. J’avais l’impression d’être les yeux et les oreilles du monde. Je me retrouvais investi de quelque chose de plus grand que moi.
Propos recueillis par Meriama Moutik |