« Jâaime trop mon pays pour y rester. » Câest sur ces paroles que Soundouss el Kasri a quittĂ© le Maroc en1996 : « Je nây respirais pas. » Mais elle aime trop son pays pour lâabandonner Ă jamais. En France, elle travaille en free lance comme reporter pour la tĂ©lĂ©vision... et elle revient rĂ©guliĂšrement au Maroc pour intervenir dans lâĂ©vĂ©nementiel culturel. Avec NeĂŻla Tazi et Amina Doghmi Berrada aujourdâhui dĂ©cĂ©dĂ©e, Soundouss est lâune des trois fondatrices de A3 Communication. Et donc lâune des initiatrice du Festival Gnaoua et musiques du monde dâEssaouira. AprĂšs des annĂ©es dâallers-retours, celle qui se dit « Franco-Marocaine et heureuse de lâĂȘtre » est revenue sâinstaller au pays en 2009, pour assurer la rĂ©daction en chef dâAuFait. Depuis un an, elle prouve quâon peut rĂ©aliser un quotidien gratuit de qualitĂ©. Et elle nâest pas prĂšs de retourner sur lâautre rive : « Jâaime trop la France pour y vivre sous Sarkozy » (rires).
MON MOMENT DE PRESSE
Câest Khalid JamaĂŻ qui me lâa offert en 1996 avec sa lettre ouverte Ă Driss Basri « chkoun nâta » dans le quotidien LâOpinion. Il mâavait bluffĂ©e. Dans ce papier, il rapportait avec ironie et humour une convocation chez Driss Basri, ministre de lâIntĂ©rieur de lâĂ©poque. Dâun cĂŽtĂ©, il mettait le doigt sur les aberrations de Basri et de lâautre, il citait des extraits de discours du roi Hassan II qui contredisaient les mĂ©thodes de Basri. Bien jouĂ©.
MON MENTOR
Philippe Levasseur, ancien rĂ©dacteur en chef adjoint dâEnvoyĂ© spĂ©cial et aujourdâhui correspondant en Inde pour plusieurs chaĂźnes françaises. Il est plus jeune que moi mais Ă force de travailler avec lui, il mâa appris Ă prendre du recul et Ă ne plus traiter lâinformation comme un combat personnel. Jâavoue que plus jeune, mon militantisme en faveur des droits de lâHomme brouillait souvent ma lecture des faits.
LE LIVRE DE MA VIE
Beaucoup de livres mâont marquĂ©e mais de but en blanc je rĂ©pondrai LâĂ©cume des jours de Boris Vian. Un moment surrĂ©aliste !
MON JOURNAL CULTE
Charlie Hebdo pour ses folies qui mâont souvent fait marrer.
LA CITATION QUI MâA MARQUĂE
« Notre mĂ©tier nâest pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Albert Londres
MON ĂQUIPE
De tous les horizons, fraĂźche et motivĂ©e. Câest un plaisir pour moi de travailler avec cette Ă©quipe. Je crois que sans elle, je nâaurais pas pu rĂ©sister Ă la pression dâun quotidien.
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MA PASSION
Jâen ai deux, ma sĆur et lâAtlantique. Ma sĆur est tout ce que jâaime chez lâĂȘtre humain et lâocĂ©an car il me procure Ă©nergie et bien-ĂȘtre.
LâARTICLE DE MA VIE
« Tazmamart, la mĂ©moire vive » CâĂ©tait il y a dix ans, je vivais Ă Paris oĂč je travaillais pour la tĂ©lĂ©vision, câĂ©tait donc lâun de mes rares papiers Ă©crits. Il relatait cette journĂ©e du 7 octobre 2000 oĂč le pouvoir avait autorisĂ© une commĂ©moration des victimes du bagne, organisĂ©e par le Forum justice et vĂ©ritĂ©. Un grande Ă©motion baignait cet article : il sâagissait de lâhistoire de mon pays. Jâai eu le sentiment trĂšs fort, ce jour-lĂ , Ă la porte du bagne, que nous pourrions enïŹ n tourner la page.
LE JOUR OĂ TOUT A CHANGĂ POUR MOI
Le 17 mars 2005, un jour aux consĂ©quences irrĂ©versibles. Une expĂ©rience choquante et douloureuse, qui contre toute attente sâest transformĂ©e en la plus enrichissante de ma vie personnelle. Elle mâa dĂ©barrassĂ©e de tout un tas de nĂ©vroses et a dĂ©ïŹnitivement changĂ© mon regard sur la vie... et la mort.
MA VILLE
Sans hĂ©siter New York : ses habitants, son architecture, Central Park et cette atmosphĂšre unique oĂč lâon se sent chez soi. Câest la ville parfaite.
MES TROIS DATES
1984 La mĂ©daille dâor de Nawal El Moutawakil au JO de Los Angeles aux 400 m haies. Jâavais 14 ans, jây assistais, Ă 10 m du dĂ©part. Un souvenir incroyable.
1991 La ïŹ n de lâApartheid. Pour la jeune ïŹlle que jâĂ©tais, cette situation mâĂ©tait moralement insupportable.
1998 Ma rencontre avec Ali Farka Toure, qui avant cette journée était le plus grand de tous les musiciens et aprÚs cette journée un trÚs grand Monsieur en plus.
Propos recueillis par Ăric Le Braz |