De passage pour animer un concert dans le cadre du « Earth Day » à Rabat, Doudou N’Diaye Rose, le « mathématicien des rythmes », comme on le surnomme, a enflammé le public au son de ses percussions. Véritable monument de la musique africaine du XXe siècle, ce patriarche âgé de 82 ans a conservé toute son énergie sur scène. L’ami des trois présidents sénégalais, Senghor, Diouf et Wade, est resté un homme humble, accessible et très pieux.
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MON PAYS
Le Sénégal. Il est sacré pour moi. Mais mon amour pour lui n’exclut pas celui que j’éprouve depuis longtemps pour le Maroc. Mon grand-père a d’ailleurs passé deux ou trois mois ici avant de se rendre au front durant la Première Guerre mondiale. Je ne vous apprends rien en vous disant qu’il existe des liens très forts entre les deux pays.
MA MUSIQUE
Celle que je produis avec mes instruments. À chaque fois que je joue aux percussions, je joue de la musique ancienne, pour rappeler comment nos ancêtres s’y prenaient pour communiquer entre eux sur des événements de la vie, à l’époque où il n’y avait ni télévision, ni radio, ni portable…
MON LIVRE DE CHEVET
Le Coran. Je suis né musulman et je crois au saint Coran. C’est mon grand-père qui me l’a enseigné. C’était l’imam de notre quartier et il nous a tous transmis sa grande piété.
MON MEILLEUR SOUVENIR
J’en ai plusieurs. La première fois où j’ai mis les pieds à Paris : à l’époque, j’étais éclaireur de France et j’avais été sélectionné parmi les meilleurs de ma catégorie pour visiter cette ville. Également, le jour où l’on m’a demandé de défiler au bicentenaire de la révolution française et enfin mon premier pèlerinage à La Mecque.
MON PLAT PRÉFÉRÉ
Le tiéboudienne à traduire par riz au poisson. C’est le plat national sénégalais. Mis à part cette petite préférence, je ne suis pas quelqu’un de difficile en matière de nourriture. Je mange « tout ce que les femmes préparent », c’est comme ça que l’on m’a élevé.
MON PRÉSIDENT
Senghor. C’était un ami et avec mon grand frère, nous avons été les premiers batteurs rattachés à son parti politique. C’était un homme de culture qui avait coutume de me dire lorsque j’étais très jeune : « Doudou, il faut continuer sur cette voie et vous deviendrez le plus grand percussionniste du pays. » C’est identique pour Abdou Diouf et Abdoulaye Wade qui m’ont toujours reçu chez eux et traité en frère.
MON VOYAGE
J’ai voyagé au Japon, à la Réunion, en France, en Hollande et dans plein d’autres pays, mais si je ne devais choisir qu’une seule destination, ce serait La Mecque.
MA FIERTÉ
Jouir d’une bonne santé, être en mesure de subvenir aux besoins de tous les miens et pouvoir payer mes dettes.
MON MENTOR
El Haj Mada Seck, l’homme qui m’a appris à jouer du tam-tam. Il est décédé il y a deux ans. Il était à la fois expert-comptable et animateur télé, mais c’était surtout un excellent batteur.
Zakaria Choukrallah |