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Avant Kirikou, j’étais un artiste pauvre dont personne ne voulait », confie volontiers le réalisateur du dessin animé culte. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et cet homme au grand cœur a réussi à se hisser au rang des personnalités phares du film d’animation francophone. Rencontre avec l’invité d’honneur du dernier festival du film d’animation de Meknès.
MON CONTE Robin des bois. C’est la première histoire qui m’a comblé et où j’ai aussi pensé « si un jour j’arrivais à faire des choses comme ça… ». J’aimais l’insolence du personnage et sa non-soumission à la tyrannie.
MON VOYAGE Ma jeunesse passée en Guinée. J’ai eu là -bas une enfance faite de beauté et de paix absolue. Aucune violence, aucune crainte car les gens étaient là pour nous défendre et non pas pour nous abîmer !
MON SUPER HEROS Kirikou. Il est petit, tout nu, n’a rien dans les mains ni dans les poches, mais ne lâche jamais prise. Cela peut sembler présomptueux de ma part, mais c’est le personnage dont je rêve, parce qu’il réussit par son intelligence et sa générosité.
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MON DESSIN ANIME Même s’il y en a eu beaucoup, Jeu de coude de Paul Driessen est le premier film qui m’a incité à manifester mon plaisir auprès de son réalisateur en sortant de la projection.
MA MOTIVATION J’ai le pouvoir de créer de la beauté pour les yeux et pour l’intérieur. Utiliser ce pouvoir est ma principale motivation.
MON PLUS BEAU SOUVENIR Aujourd’hui, parce que l’on va projeter en pleine médina de Meknès mon film Azur et Asmar. Pour moi, cette œuvre est une célébration du Maghreb et la regarder avec tous ces gens est merveilleux.
MA PLUS FORTE EXPERIENCE C’était en Argentine, lors de la présentation de courts métrages et de l’animation d’une conférence. J’ai sorti des découpages que j’avais apportés et je les ai placés dans les mains d’une femme. Elle s’est mise à pleurer. Lorsque Je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu : « Ça fait vingt ans que je connais ces personnages, je les aime et vous, vous me les mettez dans les mains. » Le fait qu’à l’autre bout du monde cette personne ait aimé mon travail et que, 20 ans après, je la rencontre, est pour moi un autre miracle du cinéma…
MA VILLE Paris. Je m’y suis très vite senti comme chez moi. C’est une ville libre ; en vivant là -bas, je peux continuer à être un citoyen du monde.
MA BANDE DESSINEE Petit, je lisais souvent Cœur vaillant, Tintin (Hergé) et Spirou (Franquin). La démarche d’Hergé me plaisait au niveau du contenu et des dessins, et j’aimais aussi Franquin pour son côté très satirique.
MA MEILLEURE COLLABORATION Mon assistant réalisateur Eric Serre, un miracle à lui tout seul. Je l’ai surnommé « trésor national ». C’est une expression que les Japonais utilisent beaucoup pour désigner une personne, d’un certain âge, qui a réussi.
MON PASSE-TEMPS Faire des dessins animés. En gros je ne fais rien d’autre. Je suis très gourmand de travail et de films à réaliser. Je ne veux faire que ça…
MA FIERTE Etre arrivé, grâce à une honnêteté absolue, à toucher des gens partout et à leur donner de la dignité. Avec Kirikou, j’ai pu donner de la fierté aux personnes à la peau brune d’où qu’elles soient. Un jour, au Brésil, un Indien est venu à l’une de mes projections avec son fils et m’a dit que ce film était la peinture exacte de sa tribu vivant au bord de l’Amazone. Pour moi, c’était immense…
Propos recueillis par Sabel Da Costa |