Son film, Pégase, a remporté cinq prix d’un coup : le grand prix de la 11e édition du Festival national du film (FNF) ; le prix du meilleur son ; de la musique originale ; de la meilleure image ; le prix de la critique. Quant au prix du meilleur rôle féminin, il a été attribué ex æquo à Saâdia Ladib et Majdouline Idrissi pour leur interprétation dans Pégase. Le film, très attendu, sera dans les salles en novembre. Considéré comme l’un des grands espoirs du cinéma marocain, Mohamed Mouftakir est un passionné de psychanalyse et de films fantastiques, même s’il déclare qu’un cinéaste ne devrait jamais se cloîtrer dans un genre cinématographique, parce que cela pourrait freiner sa créativité.
MON CINEASTE David Lynch a attiré mon attention et m’a interpellé. C’est à mon avis le cinéaste qui pense cinéma à l’état pur. Il est à la fois dans la conception, la réflexion et le traitement purement cinématographique. Il a une musicalité dans ses films en plus de l’intrigue.
MON PSYCHANALYSTE C’est incontestablement Jung et ses études sur l’archétype. Il a travaillé aussi sur la mythologie et sur le passé, et leur impact sur l’inconscient collectif. Et ce sont ces aspects qui ont une répercussion sur le comportement humain qui m’intéressent au plus haut point.
MA FIERTE Mon honnêteté.
MON LIVRE DE CHEVET Pas un livre mais un écrivain, William Faulkner. C’est un romancier qui installe une atmosphère et qui la communique parfaitement. Son univers dépasse la narration; le romancier devient un dieu qui vous raconte son univers à travers des personnages et une atmosphère.
MA COMEDIENNE Nicole Kidman, elle a cette capacité de se transformer et de composer des personnages différents. Dans le film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut où elle a joué avec son ex-mari, Tom Cruise, elle a été excellente et surprenante.
MON PROJET DE VIE Le cinéma bien sûr. Un bon film, une femme ou plutôt une âme sœur, et un enfant.
MA MUSIQUE J’aime ce qui me procure de l’émotion sans discrimination pour un genre musical.
MON VOYAGE DE REVE J’aime Essaouira, c’est un tableau grandeur nature. J’y vais le plus souvent possible, ça me repose : c’est le calme, le rêve et la méditation assurés.
MON DADA La lecture. Je lis beaucoup. Un cinéaste qui ne lit pas et ne regarde pas de films, c’est comme un sportif qui ne s’entraîne pas.
MON AMBITION De rester ambitieux sans jamais tomber dans la paresse inutile. La paresse utile existe, elle permet de rebondir.
MON SOUVENIR Le jour où j’ai ouvert un appareil photo et grillé la pellicule, j’ai été puni par mon père. C’est à partir de cet événement que j’ai appris à respecter la caméra. Aujourd’hui, je m’en approche avec respect et vénération. Cela explique pourquoi j’ai tourné des films en 35 mm, à l’heure de la HD. L’invasion du numérique me fait peur.
MON PERSONNAGE Citizen Kane, le personnage me fascine. Son parcours délirant est animé par une motivation enfouie qui le mène à une grande réussite… et tout ça à partir d’un petit souvenir refoulé. Derrière toute grande personnalité, il y a un événement insignifiant qui change une vie.
MON PLAT PREFERE J’aime le tajine et le couscous, je trouve que ce sont les meilleurs plats du monde.
Propos recueillis par Bahaâ Trabelsi |