Pour bien suivre le travail de Fouad Bellamine, il faut renoncer à débusquer ces preuves qui froissent l’art et le réduisent à des équations inutiles », écrit Tahar Ben Jelloun dans Tableau d’une exposition, pour présenter la série récente des peintures de l’artiste. Figure de proue de la peinture marocaine, Fouad Bellamine expose ses derniers travaux à l’Atelier 21. L’artiste nous avait habitués à un style abstrait, très épuré. Aujourd’hui, le peintre affirme définitivement sa quête de lumière.
Ma peinture
Lumière, transparence, voilement et dévoilement, visible et invisible, etc., je n’ai pas d’œuvre préférée dans le sens où l’on ne peut pas avoir un enfant préféré. Dans l’histoire de l’art, je suis incapable de choisir un courant. Toute bonne peinture m’intéresse, y compris celle des petits enfants car celle-ci présente la vertu de la spontanéité, ce qui est très intéressant.
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Ma curiosité
Lorsque j’enseignais, j’encourageais mes étudiants à être curieux, à lire, à voir, à écouter… Voir de la peinture, des films, des défilés de mode, s’intéresser à l’architecture, à l’architecture d’intérieur, au design. Je leur recommandais d’écouter toutes sortes de musiques…
Je suis peintre mais la peinture ne se limite pas à se cantonner dans ce mode d’expression et à ne voir donc que les expositions de peinture. Tous les domaines enrichissent la peinture ou plutôt le peintre. Il y a d’abord la littérature, les lectures, les visites de musées, d’expositions… c’est ce que j’appelle la curiosité.
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Mes amours
Cela va de Proust, en passant par Duras, Bart, Blanchot, Céline et mon ami Tahar Ben Jelloun….Cela fait trois ans maintenant que je n’écoute que du jazz pour son côté « automatique », comme l’appelleraient certains surréalistes. J’aime le jazz, il permet au corps et à l’esprit de réagir, d’exister.
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Ma première expo
Même si je n’en parle pas dans ma biographie, pour moi, la première fois que j’ai exposé, c’était à l’âge de douze ans. Mon professeur de dessin au lycée avait une galerie dans la ville nouvelle de Fès, dans un passage qu’on appelait Monoprix. Et comme je lui montrais tout ce que je faisais, un jour, il a exhibé une de mes peintures. Je passais autant de fois que je le pouvais devant cette galerie en disant fièrement à mes copains : ça, c’est moi ! C’était une peinture figurative, pas très réaliste que j’avais réalisée grâce à un couteau. J’avais peint un homme sur un âne, une scène du quotidien des habitants de la vieille médina de Fès. Ce qui était intéressant dans cette peinture, c’est qu’elle se voulait déjà élaborée. Du haut de mes douze ans, je m’étais déjà défait de la spontanéité de l’enfance, de la première œuvre. Cela dit, depuis tout petit, je peignais et dessinais. J’aimais bien cela, comme la plupart des gosses je crois.
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Ma fierté
J’en ai plusieurs. D’abord, mes enfants. Je suis fier aussi d’avoir réalisé ce à quoi j’aspirais lorsque j’étais tout petit. J’ai toujours voulu être peintre et je le suis.
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Ma ville
Il y a un va-et-vient entre Paris et Fès. Fès est ma ville natale, la ville nourricière par rapport à ma mémoire d’être humain. Et Paris, c’est la ville de culture, de rencontres et de délectation.
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Le Maroc auquel j’aspire
Un Maroc postmoderne, libre et laĂŻque.
Recueilli par Asmaa Chaidi Bahraoui
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