Un enfant prodige, excellant dans ses études, lâche tout par amour. Il s’appelle Youssoupha Mabiki et c’est un jeune homme qui voue un amour inconditionnel, dangereux et passionnel, aux mots. Il n’a qu’un souhait, les manier chaque jour que le créateur fait. En 2005, date de sortie d’un premier « street CD » Eternel recommencement, son désir devient réalité. Depuis, tout lui réussit, mais Youssoupha ne s’emballe pas. Il sort un premier album, A chaque frère, en 2007, un deuxième album en 2009, Sur le chemin du retour, et puis Noir désir son dernier bijou sorti cette année. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des piliers du rap français. En septembre, il a fait un tour au Maroc. Pour nous, pas question de le rater !
Â
Mes valeurs
Je fais du rap depuis un bon bout de temps, et s’il y a bien une chose pour laquelle je ne fais pas de compromis, c’est mon engagement. Je ne cesserai jamais de prôner dans mes textes des valeurs de non-violence. Le fait d’être français d’origine congolaise accentue cette envie. Dans la configuration actuelle de notre société, la tolérance n’est malheureusement pas une notion qui va de soi. On a plutôt tendance à se braquer et s’appuyer sur des préjugés et des a priori, et donc on finit par adopter une position très répulsive et agressive face à tout ce qui est qualifié de « différent ». A mon échelle, j’essaie de faire bouger les choses car la maladie de l’intolérance sévit dangereusement, et c’est clair que si l’on reste les bras croisés, on ira droit dans le mur.
Â
Le titre de mon dernier album
C’est Noir désir… Tout le monde me demande si j’ai fait un clin d’œil au groupe rock de Bertrand Cantat. En fait non. J’ai choisi ce titre en hommage à la culture africaine dont je parle beaucoup dans mes chansons.
Â
Mon road trip
La première fois que je suis venu au Maroc, c’était à l’occasion d’un grand voyage qu’on a organisé avec mes potes. On a fait Paris-Dakar en traversant la France, l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie et enfin le Sénégal, le tout en voiture. En arrivant au Maroc, j’ai découvert beaucoup de villes… Mais j’avoue que j’ai été déçu par Marrakech. C’est une ville assez superficielle et froide. En revanche, j’ai beaucoup aimé les petits patelins du Sud où j’ai vraiment pu déceler l’identité culturelle du pays. Casablanca aussi m’a plu, c’est une ville très urbaine, son architecture coloniale m’a impressionné. D’ailleurs, j’ai un frère qui est marié à une Marocaine et qui a une maison à Casablanca.
Â
Ma foi
La foi a constitué un ciment fort dans ma vie. Les premiers mots de mon nouvel album c’est : « De l’amour dans les yeux, je ne peux pas craindre les hommes, ils pourraient se croire comparables à Dieu. Ça m’a toujours poussé vers le haut. »
Â
Mes défauts
Oh là là  ! Est-ce que tu as assez de place pour tout mettre ? Je suis très distrait, pas ordonné, pas du matin non plus. Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, je suis assez timide. Je compense ça par de l’humour et généralement quand j’en fais des tonnes, c’est que je suis intimidé… Je n’en finirai jamais, à la prochaine interview, tu auras une seconde cargaison !
Â
Le meilleur album de tous les temps
C’est incontestablement Dangerous de Michael Jackson. C’est mon album préféré, il a une forte symbolique chez moi car c’est le premier disque que j’ai acheté, j’avais à l’époque 12 ans. Michael Jackson me fascinait, j’avais envie de m’habiller comme lui, de danser comme lui…
Â
Propos recueillis par Kaouthar Oudrhiri |