Chanteuse, romancière, journaliste, Touria Hadraoui a une carrière très riche, avec un dénominateur commun : son amour pour les mots. Elle aime la musique, toutes les musiques et poursuit sa recherche esthétique entre le malhoun, les chants soufis et la musique andalouse. Elle explore, enrichit ou dépouille un répertoire séculaire. Femme plurielle, elle lie passé et présent à travers des chants anciens et modernes. Hadraoui est la première femme à avoir osé chanter le malhoun, elle y excelle en se l’appropriant tout simplement. Aujourd’hui, elle est invitée dans les plus prestigieux festivals de musique et se prépare à aller représenter le Maroc à Bruxelles, lors de la manifestation culturelle Daba Maroc en octobre.
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Mes qualités
J’ai plusieurs qualités, je ne peux pas toutes les énumérer : l’écoute des autres, la tendresse, l’amour, la patience, (rires)…
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Mon concert le plus marquant
Le concert qui a marqué ma carrière est celui d’Abidjan en 1997, lorsque j’ai participé
au Festival international du marché des arts du spectacle africain. C’était la première fois que je chantais en Afrique, hors de mon pays. Mis à part le public qui était extraordinaire, j’y ai vécu des instants magiques. J’ai d’abord, découvert la part africaine qui est en moi. Ce concert et tout ce qui était autour étaient liés. J’ai aussi fait de très belles rencontres…
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Kalima sur Kalima
J’ai vécu une très riche et belle expérience en travaillant pour le magazine Kalima. J’ai découvert une plume en moi et ça a élargi ma vision des choses. J’ai pu m’exprimer sur beaucoup de sujets. Cette expérience était riche en rencontres… Elle fait partie des moments forts de ma carrière.
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Mes références en musique
Je n’en ai pas qu’une seule. J’aime Oum Kalthoum et Billie Holiday, Armstrong et Léo Ferré, sans oublier le grand artiste marocain Tamsamani Thami Mdaghri, le maître de mon maître El Haj Mohamed Ben Moussa.
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J’aime lire
Abdallah Zrika. Mais en fait, ça dépend des moments. Je prends un écrivain et j’essaie d’explorer son univers. Je peux passer de Dostoïevski au soufisme. Tout dépend des périodes de ma vie… Je passe de la poésie à la littérature. Je tombe toujours sur la lecture dont j’ai besoin. Il y a toujours un livre qui m’appelle ou alors un livre qui répond à mon appel.
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Ma ville préférée
Malgré tout ce que je peux dire, je reste attachée à Casablanca. Cela dit, il y a des villes que j’ai visitées dans le monde et qui m’ont fortement marquée, comme Amsterdam ou Berlin.
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Si je n’avais pas chanté
J’aurais écrit beaucoup plus. J’aurais fait du théâtre, j’aurais peut-être été animatrice culturelle… En tout cas, j’aurais fait quelque chose en rapport avec la culture.
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Mon oud et moi
C’est très intime, c’est un rapport secret, on se raconte plein de choses au-delà du temps. En jouant, je l’écoute et il me raconte des histoires du passé, des histoires extraordinaires. Je me retrouve en Andalousie ou ailleurs. Je me promène et je voyage à travers le temps avec lui et je vois des merveilles.
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Mon cinéma
Les grands classiques. Je ne consomme pas l’image. Il faut qu’un film me parle, qu’il me dise quelque chose. Je suis très exigeante. J’adore Bergman, Kurosawa, Fassbinder, Kiarostami, et j’aime par dessus tout le cinéma expérimental.
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Propos recueillis par
Amira-GĂ©hanne Khalfallah |