Je t’aurais mis au vélo, à l’eau minérale et au lit avant minuit, et nous aurions fait le carton que tu souhaitais. Nous n’étions pas proches et, pourtant, j’ai l’impression d’avoir perdu un ami. Presque un petit frère. » Ainsi parle Michel Drucker de Jean-Luc Delarue, son double inversé. La télé rend fou. La télé tue.
Mais un extra-terrestre survit dans le paysage audiovisuel français depuis 1964. Cette semaine, il fêtera ses 70 ans et entamera une saison aussi chargée que les 48 précédentes avec une quotidienne en radio, 40 « Vivement dimanche » sur France 2 et plusieurs émissions spéciales dont un « Champs-Elysée » consacré au Maroc et un spécial Jamel Debbouze. Il était cette année au Marrakech du Rire où on l’a rencontré autour d’un jus de pamplemousse, entre deux séances d’autographes et de photos avec des touristes et des Marrakchis. « Vivement Dimanche » est diffusé dans 87 pays et, où qu’il se déplace, on lui dit « Bonjour Michel »...
Mes mentors
Léon Zitrone m’a appris la puissance de travail. Aznavour, mon voisin en Provence, me suit depuis mes débuts. Quand je veux savoir où j’en suis, je le consulte. Je déjeunais auparavant deux fois par an avec Françoise Giroud. Elle avait un regard exigeant sur la qualité de mes émissions. Mais le premier de mes mentors fut mon frère, Jean, qui m’a rejoint à la télévision en sortant de l’ENA. Et puis mon épouse qu’on ne voit jamais, et qui est la femme la plus discrète du paysage de ma vie.
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Le métier que j’aurais voulu faire
Médecin. Mon rêve était de succéder à mon père. Hélas, j’étais cancre. Et hypocondriaque en plus ! Mais je suis devenu un peu le médecin des gens du métier. Dès que des copains cherchent un médecin, ils me téléphonent. Je m’occupe des poumons d’Aznavour, des yeux de Johnny et de Denisot. C’est grâce à moi s’il ne porte plus de lunettes !
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Quand Edouard Baer ou Karine Viard ont un bobo, ils m’appellent. Je leur trouve un médecin dans le quart d’heure. J’ai, dans mon portable, cinq ou six médecins par spécialité : dermatologues, ostéopathes, ORL, ophtalmos, gynécologues... Je surveille beaucoup ma santé, vous avez remarqué que je vous ai demandé de venir à l’ombre. J’ai peur aussi de la climatisation, d’attraper froid, de perdre ma voix. Mais les hypocondriaques ne sont jamais malades !
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Les interviews que j’aurais voulu faire
Mandela, de Gaulle, Marilyn Monroe... Mais le meilleur reste Ă venir.
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Celle dont je suis le plus fier
La dernière interview de Jacques Chirac. C’était son anniversaire et je savais que ce serait son dernier tête-à -tête car il commençait à décliner. C’était pour l’histoire.
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Mon meilleur « client »
Avec Jamel, il se passe quelque chose qui ne se passe jamais sur les autres plateaux. On a beau préparer l’émission, on sait qu’on va être surpris et on l’est encore plus que ce que l’on imaginait. L’émission avec Jamel et Gad fut culte.
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Mon pire souvenir
Quand Gainsbourg a dit à propos de Whitney Houston « I said I want to fuck her » en direct. Mais quel buzz !
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La retraite
Ce métier, c’est ma vie. Je n’ai que 69 ans. Tant qu’on ne me fait pas comprendre que je suis devenu un vieillard, je continue. Quand je ne pourrai plus exercer, je compte sur vous (les journalistes) pour me le dire !
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Ma décontraction
A 23 ans, j’ai commenté la dernière finale de Coupe du monde de Pelé. J’étais terrorisé, mais ça ne s’entendait pas. Bizarrement personne ne voit mon trac et je donne l’impression d’être décontracté. En fait, dans ce métier, ce sont les 35 premières années qui sont difficiles. Après ça va tout seul !
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Propos recueillis par Eric Le Braz |