D’abord, il y a la voix reconnaissable entre toutes sur les stations francophones marocaines. Rachid Hallaouy est le seul animateur du Royaume avec un accent estampillé sud-ouest de la France. En cinq ans de Maroc, il n’a pas perdu sa diction : « Mais j’ai ralenti mon débit ! » Ensuite, il y a le professionnalisme. Chaque début d’après-midi, il anime les débats de Luxe Radio sans agressivité ni condescendance. « Avec ou sans parures » est devenu l’un des rares endroits où l’on échange des idées dans un pays sans réelle tradition de débat. L’émission a démarré en plein Printemps arabe. 300 directs plus tard, le concept tient toujours la route. Enfin, il y a un parcours. Né de parents casablancais, à Fumel près de Toulouse, Rachid Hallaouy ne se reconnaît pas dans les prototypes des beurs tourmentés par les problèmes identitaires. Il a vécu plusieurs vies, d’assistant parlementaire à journaliste. Aujourd’hui, il dit être impliqué dans la vie du Maroc, « mais sans affect ».
Â
Le rugby
Je viens d’une région où c’est le sport roi. Le rugby m’a apporté énormément : les valeurs, les principes, l’engagement, l’esprit d’équipe. J’ai joué pendant 17 ans. C’est grâce à ce sport que je suis devenu journaliste en écrivant des échos pour La dépêche du midi, le journal régional.
Â
Ma vocation
La vie m’intéresse. Les gens m’intéressent. Je posais toujours des questions à mes parents : pourquoi ci, pourquoi ça... et j’en ai fait mon métier.
Â
Et ma passion
Je n’arrive pas à me défaire de ma casquette de journaliste. Je suis journaliste 24 h sur 24. Je travaille beaucoup, j’ai très peu de vie sociale et pas beaucoup d’amis. Mes seuls amis sont des gens de qualité.
Â
L’invité le plus marquant
Abdelilah Benkirane au « Grand oral », c’était particulier. Un vrai bras de fer. Poser les bases d’un débat rationnel et se retrouver à diriger des séquences irrationnelles, ce n’est pas évident. Il fallait toujours le ramener au débat. Après, je peux tout à fait comprendre qu’on ait un référenciel religieux. Mais quand on veut diriger un débat rationnel, il ne faut pas de religion.
Â
Et aussi
L’avocat Mohamed Ziane que j’ai reçu à deux reprises. Il a une vraie profondeur intellectuelle et connaît bien l’environnement. Il a un caractère bien trempé.Dans un débat, les caractères et les tempéraments sont très vite mis en lumière. Un débat, c’est un peu un rapport de force.
Â
Et encore
Nabila Mounib du PSU et Martine Aubry...
Â
Je l’ admire
J’aime bien Frédéric Taddeï. Ses débats sont décontractés mais il y a du fond, de la réflexion et de la diversité dans les profils. Ses thématiques sont sérieuses ou décalées, il est capable de créer le débat entre un rappeur et un philosophe.
Â
J’aimerais débattre avec...
Mohamed Moâtassim, le constitutionnaliste, conseiller du roi. C’est un homme de l’ombre mais c’est peut-être le seul à avoir pensé la modernisation de la monarchie.
Â
Mon identité
Quand je suis arrivé, on m’a dit : « Ne te revendique pas comme Français d’origine marocaine, ce serait très mal perçu. » Cette forme de sectarisme ambiant est réel. Mais je suis très à l’aise avec ça. Je suis né en France, un pays qui m’a transmis des valeurs, et une boîte à outils qui m’a permis de me former et de former mon esprit critique.
Â
Ma morale
Ce sont les valeurs que m’ont transmises mes parents. Le savoir-être (je sais qui je suis), le savoir-vivre (je sais vivre en collectivité), le savoir-faire (au travers de mon métier)
Propos recueillis par Eric Le Braz |