Il ne se passe quasiment pas une semaine sans qu’elle n’apparaisse dans l’actualité. Et souvent pour un sujet polémique. Cette semaine, Fathïa Bennis faisait la Une de Al Massae avec un article l’accusant d’avoir été nommée pour un nouveau mandat à la tête de Maroclear sans se soumettre aux nouvelles procédures. « Le conseil d’administration m’a reconduite à l’unanimité. Comment puis-je contrevenir à une loi qui n’existe pas encore puisqu’elle n’est pas publiée au Journal officiel ? » La féministe la plus médiatique du Royaume évoque un « Iznogoud qui attendait le poste à l’origine de cette affaire ». Elle s’amuse des accusations sur son âge – on l’a d’ailleurs vieillie ! « Ils ne s’attaquent jamais aux hommes de plus de 70 ans qui président des conseils d’administration. »
Elle ironise à propos de l’estimation de son salaire à 120 000 dirhams : « J’aimerais bien toucher cette somme ! » Ancienne DG de la Bourse et de l’ONMT, la présidente de Women’s Tribune a toujours le sens de la répartie. Un point qu’elle partage avec quelques femmes politiques comme Martine Aubry qui sera le grand témoin de Women’s Tribune, fin septembre à Essaouira. Rencontre avec « une bonne cliente » comme on dit dans notre jargon de journalistes...
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Ma passion
La lecture. Vous pouvez tout m’enlever mais pas mes livres. Je suis généreuse, mais je prête très difficilement mes livres.
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L’auteur qui m’a marquée
J’ai lu Voltaire, Hugo, Lamartine, Chateaubriand... Mais j’ai surtout dévoré tout Zola au lycée, toute la série des Rougon- Macquart. Et je l’ai relu quand j’ai atteint 30 ans. Ses livres nous renvoient au Maroc d’il y a trente ans mais aussi au Maroc actuel. Il a contribué à ma prise de conscience des problèmes sociaux.
Un poème (par cœur)
Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices. Des plus beaux de nos jours ! Assez de malheureux ici-bas vous implorent ; Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent. Oubliez les heureux. [...] (Le lac de Lamartine)
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Ce dont je suis le plus fière
Mes enfants. Ils ont perdu leur père assez jeunes, et chacun est dans la vie active. Ce sont des garçons honnêtes. J’en suis très fière.
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Ma devise
Faire les choses sérieusement sans me prendre au sérieux.
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La finance
C’est vrai que les femmes vont plutôt vers la Com’ ou les RH dans l’entreprise. J’ai choisi la finance, car c’est un outil passionnant. Par le biais de la finance, on a accès à tous les domaines et à tous les secteurs économiques. Je peux vous parler de balance de paiement et de budget de l’Etat. L’économie, on ne peut pas y échapper. Avec la finance, on en comprend les ressorts.
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Le plus bel endroit du plus beau pays du monde
Dakhla. C’est une merveille ! C’est sauvage. C’est sublime.
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Mon rêve d’enfant
Je voulais être pilote. Je rêvais de faire un métier que ne faisaient pas les femmes. Maman m’en a dissuadée : « Tu vas te marier, tu vas avoir des enfants... tu ne pourras pas voyager. »
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Ce que je déteste
L’arrogance, les messieurs je-sais-tout et le mensonge. La vérité est toujours bonne à dire.
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Mon défaut
Je suis tĂŞtue comme une mule.
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Ma qualité
Je ne sais pas si j’en ai. Je suis plutôt embêtante pour ne pas dire un autre terme. Peut-être ma disponibilité et ma capacité d’écoute. Mais c’est aux autres de le dire !
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Propos recueillis par Eric Le Braz |