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Le pays qui ne s’aimait pas (2) 
Actuel n°91, samedi 23 avril 2011
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Le premier « Indignez-vous ! » a déclenché de nombreuses réactions : des louanges… aux indignations.


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Quelques lettres, une douzaine de coups de fil, autant de SMS, des interpellations dans la rue, et surtout 1 075 partages sur Facebook avec débats assortis : la première chronique de cette rubrique n’a pas laissé indifférents ceux qui l’ont lue.

« Le pays qui ne s’aimait pas » s’indignait de la détestation entre appartenances sociales d’un même pays. La chronique a pourtant bien été perçue comme une charge virulente dans laquelle de nombreux Marocains se sont reconnus.

Sans pour autant se braquer. A l’image de Selma de Londres qui écrit : « Bravo pour cette belle gifle que beaucoup de Marocains – moi y compris – méritent. »

Les Marocains qui vivent ou ont vécu ailleurs sont particulièrement pertinents dans les analogies. Ainsi, Selma ajoute : « A titre de comparaison, à Londres, la ségrégation ou le racisme des classes existe aussi mais il est moins violent, non seulement car l’ascenseur social fonctionne, mais aussi parce que les gens bien nés ou bourgeois comprennent que leur rejet du prolétaire est ‘‘wrong’’.  »

Si les Anglais sont polis (hypocrites ?), les Français en prennent pour leur grade. A Rabat, Youssef relativise les tares des Marocains : « En la matière, l’élite marocaine n’est que l’élève timide des bourgeoisies rive droite parisiennes et leur mépris légendaire pour les villes de province et le reste du ‘‘désert français’’. Le cas marocain est peut être plus visible, plus évident… mais simplement parce que le mépris y est moins policé, moins codé, moins politiquement correct… car moins ancien. L’aristo-bourgeoisie de masse marocaine n’en est, en effet, qu’a ses débuts ! » CQFD.

Vu de Washington, Abdelilah a sa petite idée sur la question : « Le désir de visibilité est un complexe qui ronge beaucoup de Marocains bourgeois qui ne peuvent pas vivre aux Etats-Unis parce qu’ils ne supportent pas qu’on les regarde comme monsieur Tout-le-Monde... Au Maroc, la classe pauvre leur donne ce qu’ils cherchent : une importance non méritée. Tiens ton chien affamé, il te suivra. Pour qu’un jour cette mascarade cesse d’avoir lieu, il faut couper le cordon ombilical avec la France. Et en finir avec le snobisme. »

On ne peut pas nier l’influence française sur certains comportements détestables. Le paradoxe, c’est que la société balzacienne que calque une élite marocaine s’effiloche en France depuis 1968… sauf chez les expats !

Les spécificités marocaines sont aussi le résultat d’une mondialisation des valeurs matérialistes, estime Kamil El Kholti : « Le Maroc n’échappe pas au climat mondial de l’argent-roi, où les différences des revenus sont proprement scandaleuses et où le statut financier est le seul référent qui compte. »

Et Kholti de poursuivre : « Je pense que le bidonvillois qui vend la clé de sa baraque (construite illégalement sur un terrain privé) avant d’entrer dans le logement social qui lui a été attribué, est aussi coupable que le promoteur véreux qui s’est enrichi dans l’immobilier. »

Une réalité souvent caricaturale

En écho, Maria ajoute : « Pas besoin d’être riche, de se poser chez Paul ou habiter Anfa Sup pour être con ou voleur ! » et considère que la chronique « tombe un petit chouia dans la caricature ».

A quoi, sur le même mur, l’expert Zakaria Boualem en personne rétorque : « L’excès est dû au style (c’est une chronique, pas une analyse sociologique). En tout cas, je suis heureux de voir ce papier écrit, enfin ! »

Une partie de la chronique expliquait qu’on était toujours « le Fassi d’un autre ». Mais on a souvent retenu la généralisation et la caricature. Le problème, c’est que la réalité est souvent caricaturale au Maroc.

Et si on raconte que les Marocains sont divisés, on passe vite pour le type qui veut les diviser ! Mais lisez plutôt Sarah qui écrit de Belgique : « Cet article ne fait que diviser les Marocains encore un peu plus à un moment où nous devrions être unis. Il s’agit d’une caricature du riche qui méprise le pauvre et ce même riche vous le nommez ‘‘le pays’’ ! »

En fait, l’objet de la chronique était aussi de montrer que le pays entier mimait ceux qu’il prétend détester. Et moi-même, je me demande parfois si, par capillarité, je ne deviens pas aussi le « Fassi des autres »…

Eric Le Braz

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