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L'UPM sauvĂ©e par les fonds de financement 
actuel n°50, samedi 5 juin 2010
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En dĂ©pit des blocages politiques, la construction de l’UPM avance avec le lancement de deux fonds d’investis­sements dĂ©diĂ©s aux grands projets et Ă  la microfinance.


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Enfin du concret ! Deux ans aprĂšs son lancement, l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e (UPM) semble amorcer un nouveau dĂ©part. C’est en tout cas ce que promettent les initia­teurs du projet avec le lan­cement d’un premier instrument de fi­nancement. BaptisĂ© InfraMed et dotĂ© de 385 millions d’euros, ce fonds redonne un nouveau souffle au projet de l’UPM en levant l’un des principaux freins Ă  l’ini­tiative. InfraMed est en effet le premier instrument de financement de l’UPM et le plus important fonds d’infrastructure de la rĂ©gion MĂ©diterranĂ©e. DĂ©sormais opĂ©rationnel, ce fonds est dĂ©diĂ© essen­tiellement aux pays des rives sud et est (PSEM) de la MĂ©diterranĂ©e. L’annonce en a Ă©tĂ© faite lors du For’Um organisĂ© par la coprĂ©sidence franco-Ă©gyptienne de l’UPM au Palais de la Bourse de Marseille. L’évĂ©nement a attirĂ© quelque 600 par­ticipants, notamment des politiques, hommes d’affaires, bailleurs de fonds et reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile.

Axes stratégiques identifiés

En mettant l’accent sur les aspects Ă©co­nomiques et financiers, les initiateurs du processus semblent avoir trouvĂ© la pa­rade pour contourner les nombreux blo­cages politiques qui « prenaient en otage l’UPM depuis son lancement ». C’est le cas avec le report Ă  novembre prochain du Sommet de l’UPM, en raison du conflit palestino-israĂ©lien. ConcrĂštement, le fonds Inframed prendra des participations dans des projets d’infrastructures urbaines, Ă©nergĂ©tiques et de transport. Ce qui lui permettra de participer active­ment Ă  leur gestion. Il soutiendra essen­tiellement des projets d'investissement Ă  long terme. « Les premiers projets de­vraient ĂȘtre examinĂ©s d’ici la fin de l’an­nĂ©e », explique Laurent Vigier, directeur des affaires europĂ©ennes et internatio­nales de la CDC. Ce fonds d’investisse­ment repose sur un partenariat entre les institutions financiĂšres des deux rives de la MĂ©diterranĂ©e. Il est financĂ© par la Caisse française des dĂ©pĂŽts et consigna­tions (CDC), et par ses homologues ita­lienne (CDP) et marocaine (CDG). Ainsi, la CDC apporte 150 millions d’euros Ă  In­framed, autant que l’Italienne Cassa de­positi e prestiti (CDP). Le Maroc, via son bras financier, la Caisse de dĂ©pĂŽt et de gestion, contribue Ă  hauteur de 20 mil­lions d’euros. Pour sa part, l’EFG-Hermes (Égypte) verse 15 millions d’euros. Enfin, la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) apporte un financement Ă  hauteur de 50 millions d’euros. Les initiateurs de ce fonds comptent faire passer cette en­veloppe de 385 millions Ă  1 milliard d’eu­ros d’ici Ă  18 mois. Un pari qui semble rĂ©alisable : « Des fonds des pays du Golfe, d'Asie ou d'AmĂ©rique du Nord nous ont dĂ©jĂ  approchĂ©s », assure-t-on du cĂŽtĂ© de la CDC. Ce qui augure du succĂšs de ce premier instrument de financement.

ParallĂšlement, le For’Um de Marseille a vu le lancement d’une autre initiative : le Faro (fonds d'amorçage de rĂ©alisation et d'orientation). DotĂ© d'un million d'euros, ce nouvel outil pilote a pour vocation de dĂ©velopper la microfinance en crĂ©ant un rĂ©seau de fonds en soutien aux porteurs de petits projets des pays des deux rives de la MĂ©diterranĂ©e.

Avec ces deux nouveaux instruments, les initiateurs de l’UPM entendent attĂ©nuer le scepticisme ambiant face Ă  l’inertie de l’initiative. En effet, la mise en place d’instruments financiers permet Ă  l’insti­tution de ne pas sombrer dans la paraly­sie. « MalgrĂ© tous les Ă©cueils, l’UPM avance tout en suscitant de nombreuses attentes », affirme Henri Guaino, conseiller spĂ©cial du prĂ©sident français et chef de la mis­sion interministĂ©rielle UPM. D’ailleurs, fait-il remarquer, « malgrĂ© la crise, aucun pays n’a demandĂ© son retrait de l’Union ».Ce qui constitue Ă  ses yeux, une preuve de la confiance dont jouit l’initiative de part et d’autre de la MĂ©diterranĂ©e. En dé­finitive, les initiateurs du projet estiment que le bilan des deux annĂ©es est plutĂŽt « satisfaisant » mĂȘme si la ministre de

l’Économie française, Christine Lagarde, prĂ©fĂšre ne pas parler de bilan mais plu­tĂŽt « des axes stratĂ©giques identifiĂ©s ». « MĂȘme en l’absence de rĂ©unions stables et frĂ©quentes au plan politique, des pro­jets sont dĂ©jĂ  sur pied, d’autres en cours, et d’autres encore bien identifiĂ©s », constate-t-elle. L’on parle de quelque 270 projets dĂ©jĂ  en oeuvre dans des domaines comme le transport, les infrastructures portuaires, Ă©nergĂ©tiques
 Ces projets, dont prĂšs des deux tiers sont rĂ©alisĂ©s dans les pays du Sud, reprĂ©sentent plus de 20 milliards d'euros de promesses de financements. Preuve que malgrĂ© tout, l’UPM avance et mĂȘme les plus sceptiques conviennent que le bilan des deux premiĂšres annĂ©es n’est pas aussi maigre qu’il y paraĂźt.

De notre envoyée spéciale à Marseille, Khadija El Hassani

Une banque méditerranéenne en gestation

L'ancien prĂ©sident du groupe Caisse d'Épargne, Charles Milhaud, plaide pour la crĂ©ation d’un « instrument financier de codĂ©veloppement euro-mĂ©diterranĂ©en » dĂ©diĂ© au soutien au secteur privĂ©. Quelques jours avant de remettre son rapport Ă  Nicolas Sarkozy (prĂ©vu avant le 15 juin), Milhaud a prĂ©sentĂ© au For’Um de Marseille, les contours de ce nouvel « instrument financier euromĂ©diterranĂ©en ». Cet outil permettrait, selon lui, de lever une partie des obstacles qui entravent le dĂ©veloppement des pays du sud et de l’est de la MĂ©diterranĂ©e (PSEM). Milhaud cite, entre autres, l’insuffisance des instruments financiers existants, les difficultĂ©s d’accĂšs au financement pour les PME, le dĂ©veloppement embryonnaire des marchĂ©s financiers. Devant ce constat, les experts de la mission Milhaud prĂ©conisent la crĂ©ation d’un outil financier dĂ©diĂ© au soutien du secteur privĂ©. Ce nouvel instrument jouerait Ă©galement un rĂŽle d’assistance technique et d’ingĂ©nierie financiĂšre vis-Ă -vis du systĂšme bancaire. Mission : faciliter la crĂ©ation de fonds d’investissements pour l’innovation, le soutien des marchĂ©s financiers et la prise en compte des besoins des TPE et PME. Sur un plan plus technique, les experts de la mission Milhaud estiment que cet outil devrait disposer d’un capital supĂ©rieur Ă  10 milliards d’euros. Ils suggĂšrent que la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) en soit l'actionnaire majoritaire Ă  hauteur de 30 %, avec l’exigence d’ouverture du capital aux pays du Sud. Cette exigence vise Ă  permettre une meilleure implication de cette zone. « La prĂ©sence dans le capital d'institutions des diffĂ©rents pays lui permettrait de bĂ©nĂ©ficier d'une notation AAA lui assurant des conditions de rĂ©fĂ©rencement aux meilleurs taux du marchĂ© », explique Charles Milhaud. Dans son rapport, Milhaud retient trois scĂ©narios possibles. Le premier consisterait en la crĂ©ation ex nihilo d’une banque Ă  l’instar de ce qui a Ă©tĂ© fait pour la BERD. Option dont le coĂ»t serait Ă©levĂ©. La seconde piste proposĂ©e vise Ă  fonder un nouvel Ă©tablissement avec, comme actionnaire de rĂ©fĂ©rence, la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI). La troisiĂšme solution consisterait Ă  lancer une Caisse publique mĂ©diterranĂ©enne qui s’appuierait sur des structures publiques existantes dans les pays partenaires. La deuxiĂšme piste recueille, pour l’instant, l’adhĂ©sion de la plupart des parties prenantes.

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