La descente à Laâyoune des associations SaharAcciones, Sahara résistance, Tawra ou Fedissah, semble répondre à un agenda précis. Pour l’instant, la police s’abstient de répondre à leurs provocations.
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Jusqu’à quand ? La libération de Ould Salma changera-t-elle quelque chose à l’offensive du Polisario sur Laâyoune ? La réaction immédiate du Maroc, qui « dément l’information faisant état de l’agression de citoyens étrangers et marocains par les forces de l’ordre à l’aéroport Hassan II de Laâyoune », donne une idée du climat qui prévaut dans la capitale du Sud.
L’affaire commence le 29 septembre, avec l’arrivée d’un groupe d’activistes espagnols accompagnés de séparatistes de l’intérieur ayant atterri vers 20 h GMT en provenance d’Alger via Casablanca. Lors du débarquement, des échauffourées sans conséquence ont éclaté dans le hall de l’aéroport de Laâyoune entre les 24 séparatistes de l’intérieur et les 7 activistes espagnols d’un côté, et les policiers de l’autre. Malgré le fait que tous les séparatistes de l’intérieur avaient reçu l’ordre de mentionner « Sahara occidental » dans leur fiche d’entrée au territoire, les policiers ont évité le piège.
Après cet incident, les activistes espagnols se sont barricadés au domicile de Mohamed Dadach, un Polisarien notoire, au quartier de l’ERAC. C’est de là que l’acteur Willy Toledo a ameuté la presse espagnole, affirmant qu’on lui avait cassé le doigt et insultant au passage les institutions du pays.
Après une semaine passée à Laâyoune, les Espagnols se sont divisés en plusieurs groupes. Certains activistes ont décidé de faire une tournée au Sahara à partir de dimanche 3 octobre, en compagnie de 40 séparatistes de l’intérieur qui avaient participé à la conférence d’Alger. Les déplacements des « militants » des associations SaharAcciones, Sahara résistance, Tawra ou Fedissah semblent répondre à un agenda précis. Ainsi, dimanche 3 octobre, un convoi de 15 voitures comportant cinq Espagnols s’est rendu à Boujdour. Selon une source à Laâyoune, le convoi se dirigera ensuite vers la ville de Dakhla pour servir une bonne dose de propagande algéro-sahraouie. « Chaque fois qu’un groupe revient de Tindouf ou d’Alger, il organise une tournée dans les différentes villes du Sahara pour provoquer les autorités et faire de l’agitation », commente une source à Laâyoune.
Selon des sources dignes de foi, à Alger lors de la tenue de la conférence de soutien aux séparatistes, une réunion a été organisée avec la direction du Polisario, les séparatistes de l’intérieur et un obscur « Observatoire des Droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental ». Cette structure, nouvellement créée par les services secrets du DRS, va regrouper tous les activistes du séparatisme de l’intérieur. « Désormais, ce n’est plus la Codesa ou l’Asdvh qui seront au-devant de la scène mais ce nouvel Observatoire dont les dirigeants ne sont pas encore connus », affirme un spécialiste du dossier.
« Opération de déstabilisation »
Pour rappel, le groupe des 70 activistes sahraouis et les Espagnols qui les accompagnaient avaient pris part à la conférence coorganisée par le Polisario et le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, qui s’est tenue les 24, 25 et 26 septembre à l’hôtel El Aurassi.
Durant trois jours, la télévision algérienne a organisé des débats télévisés où toutes les figures du séparatisme au Sahara ont pris la parole. De nouvelles directives ont ainsi été données aux séparatistes de l’intérieur : « Pas de drapeaux dans les rues, juste des sit-in silencieux » comme celui organisé par le Sahraoui Ennaama Asfarie le 29 septembre dernier.
Selon les mêmes sources, Toledo a aussi profité de sa venue à Laâyoune pour tenir une réunion consacrée aux préparatifs de la « flottille de l’indépendance » qui partirait des îles Canaries vers Laâyoune dès février prochain, et pour laquelle les députés d’Izquierda Unida (Gauche unifiée) ont demandé le soutien du Parlement européen. Preuve qu’il s’agit là d’une véritable offensive des services algériens : le 14 octobre courant, plusieurs figures connues du séparatisme de l’intérieur feront le déplacement dans la capitale espagnole pour manifester aux côtés d’activistes locaux à l’occasion de l’anniversaire de l’accord tripartite signé le 14 novembre 1975 à Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie.
« En tout état de cause, l’affaire des observateurs espagnols et la visite de 70 séparatistes de l’intérieur à Alger n’est pas un hasard du calendrier, c’est une véritable opération de déstabilisation menée à partir de l’Espagne et de l’Algérie », affirme un spécialiste du dossier. L’affaire Mustapha Salma n’est pas étrangère à cette fébrilité…
Mohamed El Hamraoui |